Le goût du fruit
Ne cherchez pas le complot pour comprendre ce qui a amené Philippe Couillard à proposer une nouvelle approche constitutionnelle pour son gouvernement.
Un document aussi touffu, presque 200 pages, ça ne s’improvise pas en deux temps trois mouvements pour gérer l’affaire Marc-yvan.
RAMENER DANS LE GIRON
Intellectuel désincarné, M. Couillard n’est pas en politique pour gérer les préoccupations quotidiennes des Québécois, qui l’intéressent en fait assez peu. Lors de son arrivée comme chef, son entourage confiait que le patron, qui n’a pas une faible estime de lui-même, était plutôt mobilisé par l’objectif de ramener le Québec dans le giron constitutionnel.
Quant à Jean-marc Fournier, ministre des «Relations canadiennes», il trouve l’occasion de participer à l’élaboration d’une vision, lui qui en 25 ans de politique n’a pas souvent contribué autrement que par la partisanerie extrême et l’extinction de feu.
CHANGER DE TON
C’était rafraîchissant d’entendre Philippe Couillard dire que l’identité des Québécois est préexistante à 1867 et réitérer les revendications traditionnelles de Robert Bourassa. Décrit comme le premier ministre le plus radicalement fédéraliste de l’histoire, il va plus loin que Jean Charest ne l’a jamais fait.
Ce dernier se contentait de dire que le fruit n’était pas mûr. Maintenant, on sait quel goût il devrait avoir. Voici de quoi on pourra désormais débattre.
Depuis vingt ans, c’est ainsi que se définissait le discours fédéraliste, par son refus de se confronter aux souverainistes, pour mieux les affaiblir. La constitution? Pas une «vraie affaire», disait le même Philippe Couillard, lors des dernières élections.
En l’entendant hier affirmer le contraire, c’est en fait ce que tout le monde s’est demandé. «Y croit-il vraiment?»
C’est ce que nous verrons au fil de sa gouvernance. Jusqu’ici, son ton a été très docile devant Ottawa. Si Philippe Couillard veut être cru, ça devra changer.