Le Journal de Quebec

TROP VIEILLE POUR L’ÉCRAN

La comédienne Louise Bombardier dénonce l’âgisme qui mine le show-business québécois

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Malgré son prix Gémeau et ses 40 années de carrière, la comédienne Louise Bombardier, 63 ans, décroche de moins en moins de rôles. Et elle n’est pas la seule dans cette situation. Le showbiz québécois aurait un sérieux problème d’âgisme, selon elle.

Louise Bombardier a connu une carrière bien remplie, tant sur scène qu’à l’écran. On l’a vue, entre autres, dans les séries Virginie, Bob Gratton, Les Invincible­s et Série noire. Son rôle dans cette dernière lui a d’ailleurs valu le prix Gémeau d’interprète féminine dans un rôle de soutien, il y a deux ans.

BEAUCOUP DE STÉRÉOTYPE­S

Les rôles qu’elle décroche aujourd’hui sont de moindre calibre et de plus courte durée. Et les personnage­s qui sont écrits pour les artistes de son âge sont souvent «extrêmemen­t stéréotypé­s», dénonce la comédienne en entrevue au Journal. «Dans toutes les séries télévisées, la grande majorité des rôles sont écrits pour les jeunes. Ces personnage­s-là ont une maman, des fois une grand-maman... mais ces contrats se limitent à quelques jours de tournage dans une saison. Les gens, de 50 ans à la mort, ne sont pas représenté­s du tout, sauf par quelques petits rôles stéréotypé­s», explique-t-elle.

«En ce moment, dans la moitié des projets qu’on me propose, je dois jouer une personne mourante ou malade. Et même dans ces cas-là, on nous demande de passer une audition pour un rôle de quatre répliques», poursuit-elle.

PROBLÈMES FINANCIERS

En décembre dernier, elle reprenait son personnage d’aline Bessette dans le film Votez Bougon. Un projet de grande échelle, mais qui ne lui a nécessité que trois jours de tournage. Pas de quoi payer l’hypothèque.

«J’étais très contente de participer à Votez Bougon. Mais ce n’est pas ce qui va me nourrir, ni l’âme ni le portefeuil­le», explique Louise Bombardier.

La comédienne admet donc se trouver aujourd’hui dans une situation financière précaire. Pour boucler ses fins de mois, elle a dû baisser ses standards et accepter des rôles beaucoup moins alléchants.

«Je fais beaucoup de web. Mais ce sont des petits rôles qui ne paient pas, avec des conditions de débutants. Finalement, on travaille pour presque rien, simplement pour garder la forme», explique-t-elle.

La situation a plongé Louise Bombardier dans un état «assez découragea­nt». Elle réussit toujours à vivre de son métier, «mais pas fort», devant s’appuyer lourdement sur sa marge de crédit.

Son conjoint des 35 dernières années, le comédien Pier Paquette, se retrouve lui aussi dans une situation semblable.

«Éventuelle­ment, on va devoir penser à vendre la maison parce qu’on n’arrivera plus à la payer. C’est une petite maison, humble et vieille, mais il y a toujours des travaux à faire», explique-t-elle.

«Mais quand je regarde le prix des logements, je me dis que ce serait presque aussi cher. Alors on est coincés. On ne pensait jamais en arriver là quand on a commencé dans le métier», conclut-elle.

«Lagrande majorité des rôles sont écrits pour les jeunes » – Louise Bombardier

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