Le rejet me tue

Je suis un homosexuel de 45 ans. Je croyais paraître assez bien pour attirer un autre gai. Malheureusement, ceux qui me plaisent sont déjà tous pris parce qu’ils sont attirés par des gars qui leur ressemblent jusque dans leur façon de se vêtir. Je me suis aussi rendu compte que tous les gais n’en ont que pour le genre sexy et bien bâti. Je n’ai définitivement pas le style pour leur plaire et je devrai me contenter de vivre en manque affectif pour toujours avec une tristesse qui finira par me tuer.

On dirait que ce sont toujours les mêmes qui récoltent les bienfaits de la vie, alors que les laissés pour compte comme moi, vivent dans la peine. Ma solitude est immense et le contact sexuel me manque au quotidien, et donc de plus en plus à chaque année qui passe.

Ma réalité me pèse et m’enlève tout plaisir de vivre. Quand on sait qu’on ne peut plus se permettre de rêver ou d’espérer, on commence à mourir par en-dedans. Ce qui fait que le jour où je me sentirai mourir pour de vrai, je ne serai pas au désespoir, car c’est dans ma vie présente que je le vis au quotidien.

En fait, la mort deviendra une sorte de libération. La lourdeur de ma vie actuelle fera place à la légèreté d’une vie plus heureuse dans l’au-delà. Peut-être certains se retrouveront-ils dans ma lettre, car ce serait le comble de savoir que je suis seul dans mon cas. J’avais un urgent besoin de vous balancer tout ça ce matin.

Mario

Ça faisait un moment que vous ne m’aviez écrit. Je m’étais même mise à penser que vous vous étiez enfin sorti de cet acharnement que vous aviez à vous maintenir dans une position de vulnérabilité susceptible de vous démolir par l’intérieur. Il n’y a rien de pire que quelqu’un qui se retrouve dans le même cul de sac pour avoir répété les mêmes erreurs. Je vous prédis que le jour où vous déciderez de vivre votre vie autrement que vous le faites depuis longtemps, un horizon de bonheur risque de s’ouvrir devant vous. À moins que vous ne vous complaisiez dans le fait de faire pitié.