Toujours aussi savoureux
Même après quatre décennies, le spectacle culte n’a rien perdu de son lustre
Rétro, kitch, assumée et hilarante. Plus de 45 ans après sa création originale, la comédie musicale Demain matin, Montréal m’attend n’a pas pris une seule ride. Bien au contraire.
On savait que Demain matin, Montréal m’attend était entre bonnes mains avec René Richard Cyr. Après tout, le metteur en scène a fait de l’univers de Michel Tremblay son terrain de jeu au fil des ans et il s’en est toujours tiré haut la main. Mais de faire renaître cette comédie musicale culte était, avouons-le, un défi de taille. Solidement ancré dans les années 1970, le récit allait-il toujours tenir la route dans le contexte social actuel? La réponse nous est arrivée sans équivoque, hier, lors de la première du spectacle: oui. La relecture présentée au Théâtre du Nouveau-monde est tout aussi savoureuse et actuelle.
BOÎTES DE NUIT MONTRÉALAISES
Demain matin, Montréal m’attend suit Louise Tétrault, une jeune waitress de Saint-martin qui décide de suivre les traces de sa soeur, une chanteuse populaire qui a tout abandonné pour devenir une star à Montréal. Mais une fois arrivée dans la métropole, Louise découvrira bien vite le côté beaucoup moins glamour et rutilant des boîtes de nuit et de la vie nocturne.
Sur scène, les comédiens avaient tous de grandes pointures à chausser en redonnant vie aux personnages désormais mythiques créés par les Denise Filiatrault, Louise Forestier, André Montmorency et autres à l’été 1970.
Mais Hélène Bourgeois Leclerc se transforme avec une aise impressionnante en Lola Lee, une chanteuse de cabaret qui sent son heure de gloire menacée par l’arrivée de sa jeune soeur dans les rues de la métropole. La comédienne a révélé s’être prêtée à des cours de chant intensifs qui, visiblement, ont porté leurs fruits. Seul petit bémol, on aurait apprécié un peu plus d’aplomb dans ses mouvements pour appuyer davantage La complainte de Lola Lee, véritable climax de Demain matin, Montréal m’attend.
Laurent Paquin révèle quant à lui une tout autre facette de son talent en se glissant dans la peau — et dans le corset — de la Duchesse, une drag queen dont l’étoile commence à se ternir. L’humoriste fait preuve d’une sensibilité quasi insoupçonnée qui fait du numéro Les lamentations de la Duchesse un des moments les plus forts en émotions de la soirée.
Et c’est également avec un plaisir incontestable qu’on retrouve un Benoît Mcginnis dans une forme spectaculaire et absolument jouissif dans son rôle de Marcel-gérard, un journaliste de la presse à sensation assoiffé de ragots.
DES TALENTS PROMETTEURS
Mais la véritable star du spectacle est sans contredit Marie-andrée Lemieux. La jeune mezzo-soprano incarne à merveille toute la candeur et la naïveté requises par le personnage de Louise Tétrault, faisant d’elle une digne successeure de Louise Forestier. Il y a donc fort à parier qu’on n’a pas fini de la voir ni de l’entendre sur les scènes de la métropole. On s’en voudrait également de passer sous silence la présence de Guillaume Borys. Même avec un rôle de second plan, le jeune artiste réussit à se démarquer à maintes reprises grâce à son magnétisme et à un certain je-ne-sais-quoi qui commandent l’attention. Bref, un nom à retenir.