PSYCHO
Les rôles des pères ont beaucoup changé au cours des ans. Pour leur fête, un petit retour dans le passé nous fait voir tout le chemin qu’ils ont dû parcourir. Ces rôles sont parfois encore existants, parfois sur leur descente, parfois sur leur montée. C’e
1 Le père espéré. Selon une légende de la mythologie grecque, Ulysse doit participer à la guerre de Troie. Quand elle prend fin, il cherche à rentrer chez lui pour retrouver Pénélope, sa femme, et Télémaque, son fils. Mais, c’est long: ça lui prendra 20 ans. Pendant ce temps, sa femme l’attend, son fils aussi, tout en tenant tête aux prétendants de sa mère. Ulysse est le père espéré, celui qui guérit du chaos quand il rentre à la maison.
2 Le Pater familias. C’est le père de famille, celui qui détient l’autorité sur sa femme, ses enfants (et sur ses esclaves dans la société romaine). Longtemps, les pères ont eu tout le pouvoir sur leur famille. Si vous n’êtes pas si jeune, vous avez sûrement entendu dans la bouche de votre mère: «Quand ton père va rentrer… Attends que ton père arrive à maison…» Ce qui coupait court à nos éclats. Heureusement, la menace était souvent oubliée.
3 Le père moral. Pendant des milliers d’années, dans le monde chrétien, une des fonctions importantes du père était d’insuffler à ses enfants un sens moral. Il s’agissait d’en faire de bons chrétiens. Cette fonction de guide a existé ou existe dans toutes les religions. Le père devait transmettre aux enfants les valeurs familiales et sociales.
4 Le père pourvoyeur. Avant les manufactures, avant l’industrialisation (18501950), à moins d’une guerre, le père restait proche de la maisonnée. La famille travaillait ensemble. Au 19e et au 20e siècle, le père a quitté le foyer pour aller travailler à l’extérieur. Il est devenu le principal ou le seul pourvoyeur des biens pour la famille. Ce faisant, il s’est éloigné de sa femme et de ses enfants.
5 Le père absent. Étant beaucoup à l’extérieur, sa présence au sein de la famille était un peu étrange, pas ordinaire. Exit l’intimité. Dans la plupart des familles, on était heureux de sa présence, mais pour plusieurs enfants un sentiment intimidant subsistait.
6 Le père socialisant. Pendant longtemps, la mère représentait le nid, l’intime, l’affection, les soins (même quand elle travaillait), tandis que le père devait être «fort psychologiquement, dominant dans sa famille, affirmatif, décidé». Son rôle externe étant prédominant, il était celui qui montrait (par son exemple) à se conduire en société, à se débrouiller dans la vie.
7 Le père contesté. Après 1968, la figure paternelle autoritaire est contestée, on n’en veut plus de ce chef: les garçons ont les cheveux longs, les filles sortent de plus en plus. Les nouveaux pères entrent peu à peu dans les salles d’accouchement et se rapprochent de leurs enfants. Les anciens pères dépriment au moins un peu.
8Le père est une mère. Dans les années 1980, pour être un «bon père», un homme devait se transformer en une bonne mère, c’est ce que les sociologues rapportent. On ne veut pas voir les différences entre les sexes, on cherche les ressemblances.
9 Le père est un être émotionnel. Dans les années 1990, on commence à s’intéresser à la souffrance des hommes et aux spécificités des pères. Guy Corneau, dans Père manquant, fils manqué, écrit qu’il est temps que les hommes retrouvent la parole. En 1991, le rapport Un Québec fou de ses enfants nous signale que les enfants ont besoin d’égalité et d’attention, que les femmes travaillent de plus en plus à l’extérieur, mais que les responsabilités sont encore trop inégalement réparties entre les parents.
10 Et maintenant ? Aujourd’hui, on trouverait trois genres de pères, selon un rapport ministériel, publié en 2011, Les pères du Québec: 1. le père protecteur, plutôt traditionnel, à l’aise avec l’autorité et centré sur des activités essentiellement masculines du genre sport et bricolage ; 2. le père postmoderne, celui qui partage pleinement les tâches et qui donne la priorité à la qualité de la relation avec ses enfants ; 3. le père ambivalent, qui participe aux tâches avant tout pour soutenir la mère. En fait, il se pose probablement la question: «quel est mon rôle, au juste? » Une part de tout, peut-être…
Bonne fête à tous les papas !