Des prothèses auditives à moitié prix de l’autre côté de la frontière
Des Québécois n’hésitent pas à se rendre en Ontario, aux États-unis et même à Paris
Frustrés de payer trop cher pour leurs appareils auditifs, plusieurs Québécois n’hésitent pas à se rendre en Ontario, aux États-unis et même en Europe pour économiser.
«On me demandait 7900 $ pour mes prothèses auditives. J’ai économisé pendant deux ans, mais ça me faisait mal de payer ce prix-là», dit Sylvie Sauvageau, qui est allée à Paris il y a un mois pour avoir les mêmes appareils à moitié prix. «J’ai regardé les prix en ligne et j’ai trouvé les mêmes appareils en France à 3800 $. J’ai donc payé beaucoup moins cher et en plus, j’ai pu passer une semaine en vacances.»
La dame de 52 ans, qui oeuvre dans le milieu communautaire, avait besoin d’une paire d’appareils qui lui permettent de travailler dans de grands groupes. L’appareil qui lui a été payé par la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ) il y a six ans n’était pas aussi performant que ceux qu’elle utilise maintenant. Après avoir essayé les appareils de sa mère décédée, elle s’est rendu compte qu’elle avait besoin d’équipement plus sophistiqué. Or, ces appareils ne sont pas couverts par le régime public.
AU COSTCO À OTTAWA
Elle s’est donc tournée vers la Maison de l’appareil auditif à Paris, qui lui a vendu et installé l’appareil au rabais. «Je suis très satisfaite et quand j’aurai besoin d’autres appareils, j’y retournerai. En plus, j’adore voyager», dit celle dont l’audioprothésiste l’avait pourtant découragée d’aller en France.
Pour Mario Berthold, la solution était encore plus près. Le résident de Saint-jérôme s’est rendu au magasin Costco d’ottawa, où il a payé 3059 $ pour les appareils et l’examen d’audiologie. Selon lui, il lui en aurait coûté au moins 2000 $ de plus s’il avait pris ses appareils au Québec.
CHOQUÉ PAR NOS RÉVÉLATIONS
Ce dernier, qui portait auparavant un appareil payé par la RAMQ, est furieux après avoir appris les révélations de notre Bureau d’enquête sur les ristournes qui seraient versées aux audioprothésistes du Québec pour favoriser certains produits. «Comme le gouvernement ne paie qu’une prothèse auditive, que je dois l’obtenir d’un audioprothé- siste ici au Québec, eh bien j’obtiens le plus bas de gamme», dit-il. L’homme entend donc continuer de prendre ses appareils en Ontario. Il faut dire qu’au Québec la réglementation sur la pratique des audioprothésistes précise que seuls ceux-ci peuvent avoir un commerce qui vend, installe et ajuste les prothèses auditives.
«C’est un peu comme les pharmacies, où seuls les pharmaciens peuvent être propriétaires», explique Guy Savard, administrateur de l’ordre des audioprothésistes.
AU VERMONT
Selon lui, les prix sont plus bas en Europe en partie parce que plusieurs manufacturiers sont basés là-bas. Il estime que certains spécialistes hors province peuvent aussi vendre au rabais en sachant qu’ils n’auront pas à revoir le client et qu’ils diminuent leurs honoraires professionnels.
Pour Jean Belleville, il n’est toutefois plus question d’acheter ses prothèses ici. Le résident de Victoriaville s’est rendu à Colchester, au Vermont, pour payer les siennes 3400 $ au lieu de 8400 $.
«Ils m’ont dit qu’il y avait souvent des Canadiens qui y allaient», dit l’homme qui n’a pas hésité à faire trois heures de route pour avoir les prothèses dernier cri qu’il souhaitait avec piles rechargeables et connexion Bluetooth.