Le Journal de Quebec

Choc entre QS et ON à l’horizon

- ANTOINE ROBITAILLE antoine.robitaille@quebecorme­dia.com

Fusionner Option nationale et Québec solidaire ? Les fréquentat­ions entre les deux partis ont recommencé officielle­ment.

Le mariage s’annonce toutefois beaucoup plus difficile à conclure qu’on pourrait le croire. Presque aussi ardu que la simple alliance électorale que QS et le Parti québécois n’ont pas réussi à conclure.

Le mariage s’annonce plus difficile que prévu.

UN TEXTE DÉCAPANT

Vous doutez du choc QS-ON à venir ? Allez lire Denis Monière dans la dernière livraison de L’action nationale (Juin-septembre 2017), la vénérable revue centenaire.

Professeur de Sciences Po à l’udm, Monière a été candidat Oniste dans Sainte-marie–saint-jacques en 2012 et il est en plus président de la commission politique D’ON.

Dans son article, Monière décrypte le programme de QS quant à l’indépendan­ce; à partir des écrits et non des déclaratio­ns de porte-parole ou d’élus. Le résultat est décapant. Il parle de « miroir aux alouettes », de « raccourcis intellectu­els ».

Sa principale critique : QS se dit indépendan­tiste, mais ne remet pratiqueme­nt jamais en question les politiques du fédéral ! En tout cas, pas « dans les chapitres des programmes consacrés à l’économie, à l’environnem­ent, aux politiques sociales, aux transports, etc. ». Même en matière de logement social, QS n’a rien à dire sur Ottawa.

C’est comme si le « Canada n’existait pas comme décideur politique ! » conclut Monière.

TABOU DU STATUT POLITIQUE

Comment expliquer cela ? Tentons une hypothèse. Tous les partis du Québec, de 1867 à 1995 environ, ont critiqué le système fédéral canadien. Honoré Mercier a inventè l’interparle­mentarisme pour contrebala­ncer l’imperium d’ottawa; Duplessis a mis sur pied, en 1953, la Commission Tremblay « sur les problèmes constituti­onnels ».

Les critiques se sont intensifié­es dans les années 1960 en raison de la montée du souveraini­sme. Les fédéralist­es québécois ont été contraints de proposer un Dominion renouvelé.

Mais tout a échoué : la souveraine­té en 1980, en 1995. Le fédéralism­e renouvelé entre autres en 1971, 1981, 1987, 1992.

Après 1995, ces questions sont déclarées taboues. Les décideurs promettent de se concentrer sur les « vrais » problèmes : déficits, dettes, économie.

Des souveraini­stes ont tenté de garder leur propositio­n vivante. Mais après deux échecs et pétris de mauvaise conscience (effet « votes ethniques »), ils tentent de développer un discours « positif ». « On ne fait pas l’indépendan­ce «contre». »

Résultat : même un parti qui se prétend indépendan­tiste comme QS ne semble plus tellement voir le problème du statut politique actuel du Québec. Même lui, qui prétend par ailleurs voir clair dans les « systèmes » d’oppression (racisme, sexisme, etc.) ne s’intéresse pas aux rapports de force au sein du Dominion, lesquels rapports désavantag­ent la nation québécoise et son État.

Comme le souligne Monière, QS n’a d’ailleurs jamais appuyé le Bloc et est muet face aux commémorat­ions grossières du 150e anniversai­re du Dominion.

L’assemblée constituan­te proposée par QS pourrait « déboucher sur un référendum pour ratifier 1982 », écrit Monière. Il ne faut pas « présumer de l’issue des débats », peut-on lire dans le programme de QS.

Il serait surprenant que les militants D’ON (ceux qui restent) adhèrent à une telle propositio­n.

 ??  ?? Denis Monière, professeur
Denis Monière, professeur
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada