Les décrets antimigratoires de Trump
Selon la Cour suprême des ÉtatsUnis, les décrets antimigratoires promulgués par Donald Trump tiennent la route, du moins à première vue.
Mais les problèmes de ces décrets ne sont pas réellement de nature légale. Ils sont surtout d’ordre politique. Ils remettent en cause toute l’image que les Américains se font d’eux-mêmes. Ils sont aussi un symptôme de la perte d’influence des États-unis dans le monde et de l’émergence d’un nouvel ordre mondial dominé par des pays autoritaires.
1 En quoi les décrets anti-migratoires changent-ils l’image des États-unis ? De nos jours, beaucoup d’américains voient leur pays comme un endroit où les immigrants de tous horizons peuvent venir refaire leur vie, surtout s’ils sont persécutés pour des motifs religieux. C’est que les premiers immigrants américains ont fui l’angleterre où ils étaient persécutés pour leur religion. Les décrets anti-immigration de Trump brisent cette image parce qu’ils condamnent implicitement l’islam fondamentaliste.
2L’islam fondamentaliste est-il pire que d’autres religions ? L’islam fondamentaliste est incompatible avec l’idée de démocratie – comme tous les autres fondamentalismes religieux. Contrairement à ce qui arrivait auparavant, et grâce aux nouveaux moyens de communication, les immigrants fondamentalistes qui s’installent aujourd’hui aux États-unis peuvent demeurer en contact direct avec les fondamentalistes du reste du monde. Les fondamentalistes risquent donc de s’assimiler beaucoup plus lentement qu’auparavant. Pendant ce temps, les intégrismes religieux d’inspiration chrétienne se renforcent, ce qui ne facilite pas la cohabitation entre les religions. En ajoutant l’appauvrissement des classes moyennes américaines, on obtient la recette parfaite pour un changement complet des politiques d’immigration.
3Quelle est la responsabilité des États-unis face aux réfugiés ? Les guerres menées par les États-unis ont créé une bonne part des réfugiés qui se promènent dans le monde. En limitant drastiquement le nombre de réfugiés et en empêchant ceux qui proviennent de six pays de se rendre aux États-unis, le gouvernement américain envoie de bien curieux signaux. En deux mots, il se lave les mains d’un problème qu’il a luimême contribué à créer; de plus, il sape le système de droit international dont il est la clé de voûte. Ce je-m’en-foutisme va inciter les alliés des Américains à se trouver des partenaires internationaux plus fiables.
4Quel système de droit international pourrait naître ? Pour bien des gens, à travers le monde, les gouvernements très autoritaires apparaissent de plus en plus comme la meilleure forme de gouvernement. Cette évolution est normale dans la mesure où la Chine est en train de devenir la plus grande puissance mondiale. Les ÉtatsUnis, qui ont pourtant été fondés sur des principes démocratiques, évoluent vers un gouvernement autoritaire dirigé par les plus riches. Le nouveau système de droit international qui menace de se mettre en place ne protégera pas les libertés démocratiques comme la liberté de parole, la vie privée ou les droits des réfugiés.