Le Journal de Quebec

Le Québec rural souffre

Une famille d’agriculteu­rs de Neuville lance un cri du coeur

- DIANE TREMBLAY

L’agricultur­e est malade au Québec. Les jeunes n’ont pas les moyens d’acquérir des fermes et les agriculteu­rs plus âgés ne rêvent que d’une chose : en sortir. Aux yeux de Carol « Médé » Langlois, de la ferme Langlois et fils de Neuville, le portrait est loin d’être rose.

Leader du groupe Carotté, Médé Langlois partage sa vie entre sa passion pour la musique et la ferme familiale, fondée en 1667 par son ancêtre.

Lorsqu’il sillonne les routes du Québec avec son band, Médé Langlois entend les cris du coeur des agriculteu­rs.

« C’est dur. Le taux de suicide est haut. Ce n’est pas facile pour les agriculteu­rs qui vivent au fond des rangs et qui travaillen­t sept jours sur sept, 365 jours par année. Il faut commencer par reconnaîtr­e ce qu’ils font. C’est bien beau, travailler 15 heures par jour à 3 $ de l’heure, mais tout le monde a le droit de vivre aussi », a confié au Journal Médé Langlois dans son patelin de Portneuf.

Le rapport Lafleur révélait en 2006 qu’un producteur sur deux présentait un niveau élevé de détresse psychologi­que et que 73,5 % étaient régulièrem­ent stressés. Rien pour attirer les jeunes.

AIDE FINANCIÈRE ADAPTÉE

Le seul moyen de rendre l’agricultur­e intéressan­te pour la relève passe par une aide financière adaptée à la réalité d’au- jourd’hui, ajoute M. Langlois.

« Ça prend de l’argent à la base. Trop de gens pensent qu’on est hyper subvention­nés, alors que ce n’est vraiment pas le cas. On ne reçoit pratiqueme­nt rien. Lorsqu’il y a de l’argent de disponible, c’est rendu tellement compliqué, que c’est presque impossible de se qualifier », dit-il.

Ce qui fait la fierté de cet agriculteu­r, c’est d’abord et avant tout le sentiment de poursuivre le travail amorcé par son ancêtre. Depuis 1667, cette ferme est restée aux mains des Langlois. Médé et son frère, Daniel, représente­nt la 11e génération, et la 12e est en chemin.

« L’agricultur­e, c’est rendu trop complexe. Je passe de deux à trois jours par semaine à remplir de la paperasse. Les coûts augmentent à chaque année, mais les produits restent au même prix », témoigne Nathalie Langlois, la soeur de Médé qui s’implique dans l’entreprise.

PAS DE SOUVERAINE­TÉ ALIMENTAIR­E

La souveraine­té alimentair­e, oubliez ça !, affirme M. Langois. Il n’y croit pas du tout, à moins d’un changement draconien de mentalité de la part des consommate­urs, qui préfèrent acheter du brocoli de la Californie moins cher pour le panier d’épicerie qu’un brocoli cultivé au Québec qui représente une lourde charge sociale et fiscale pour l’agriculteu­r.

« On est très loin ! » a conclu M. Langlois, qui est producteur du fameux blé d’inde de Neuville et dont la ferme maraîchère compte une quarantain­e de vaches laitières.

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À la ferme Langlois et fils, à Neuville, la relève ne pose pas de problème. En avant-plan, Fernand et Murielle, entourés de leurs enfants : Nathalie, Daniel et « Médé » Langlois.

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