Des bonis déraisonnables
Est-il pertinent d’accorder des bonis aux cadres et aux employés des sociétés d’état ?
Le Journal rapportait la semaine dernière que des bonis de 26 millions avaient été versés l’an dernier aux employés de Loto-québec et de la Société des alcools du Québec. Précédemment, d’autres articles avaient fait le point sur des bonis de dizaines de millions versés aux employés d’hydro-québec, et également des bonis de quelques millions de dollars chez Investissement Québec.
Chaque fois que les médias rapportent une telle nouvelle sur les bonis versés par les sociétés d’état, cela soulève un tollé, et pour cause, puisque tout le Québec a été appelé ces dernières années à se serrer la ceinture.
Dans le but de redresser les finances publiques, le gouvernement Couillard a mis en place, depuis son arrivée au pouvoir en avril 2014, un train de mesures pour hausser ses revenus, tout en compressant au maximum les dépenses gouvernementales.
L’EFFORT RATÉ
Et dès son premier budget de 2014-2015, le ministre des Finances, Carlos Leitao, a demandé aux principales sociétés d’état, soit Hydro-québec, la SAQ, Loto-québec et Investissement Québec, d’effectuer un « effort additionnel » pour renflouer les coffres du gouvernement.
Bien que les directions des quatre grandes sociétés d’état aient emboîté le pas de la « rigueur budgétaire » imposée par le ministre Leitao, le poste « Revenus provenant des entreprises du gouvernement » s’est malheureusement aligné sur une pente descendante au fil des années.
Lors du dernier exercice financier du gouvernement Marois, soit en 2013-2014, les sociétés d’état avaient rapporté au gouvernement des revenus de 5,43 milliards.
Lors du premier exercice finan- cier de 2014-2015 du gouvernement Couillard, « l’effort additionnel » demandé par le ministre Leitao s’est traduit par un résultat à la baisse de 94 millions, le revenu des entreprises du gouvernement rapportant un peu moins de 5,34 milliards.
L’année suivante, 2015-2016, s’est avérée désolante pour le poste des revenus tirés des sociétés d’état. Par rapport à 2014-2015, elles ont rapporté dans les coffres du gouvernement 421 millions de moins, soit 4,91 milliards et des poussières.
Et lors du troisième exercice financier du gouvernement Couillard, soit celui de 2016-2017, les revenus en provenance des sociétés d’état ont une fois de plus diminué, pour tomber à 4,81 milliards.
C’est donc dire que, depuis l’élection du gouvernement Couillard, et ce, malgré la demande du ministre Leitao d’effectuer un « effort additionnel », les revenus des quatre grandes sociétés d’état ont chuté de 612 millions.
Et si on se fie aux prévisions du ministre dans son dernier budget de 2017-2018, la situation risque de se détériorer davantage cette année et l’an prochain.
NON PERTINENTS
Face à une telle réduction des revenus en provenance des sociétés d’état, l’octroi de bonis aux dirigeants et aux employés des sociétés d’état apparaît déraisonnable.
Les bonis à la performance, c’est bon pour les entreprises privées qui cherchent à motiver leur personnel afin d’affronter la vive concurrence.
Mais dans une société d’état qui détient le monopole, comme c’est le cas avec Hydro-québec, Loto-québec, la SAQ, Investissement Québec… elle est où la concurrence ?
Comprenez-moi bien. Je ne dis pas que les employés et les dirigeants des sociétés d’état ne donnent pas leur 100 % au travail. Je tiens pour acquis qu’ils le donnent et qu’ils sont rémunérés en conséquence.