Le Journal de Quebec

Des bonis déraisonna­bles

- MICHEL GIRARD michel.girard@quebecorme­dia.com

Est-il pertinent d’accorder des bonis aux cadres et aux employés des sociétés d’état ?

Le Journal rapportait la semaine dernière que des bonis de 26 millions avaient été versés l’an dernier aux employés de Loto-québec et de la Société des alcools du Québec. Précédemme­nt, d’autres articles avaient fait le point sur des bonis de dizaines de millions versés aux employés d’hydro-québec, et également des bonis de quelques millions de dollars chez Investisse­ment Québec.

Chaque fois que les médias rapportent une telle nouvelle sur les bonis versés par les sociétés d’état, cela soulève un tollé, et pour cause, puisque tout le Québec a été appelé ces dernières années à se serrer la ceinture.

Dans le but de redresser les finances publiques, le gouverneme­nt Couillard a mis en place, depuis son arrivée au pouvoir en avril 2014, un train de mesures pour hausser ses revenus, tout en compressan­t au maximum les dépenses gouverneme­ntales.

L’EFFORT RATÉ

Et dès son premier budget de 2014-2015, le ministre des Finances, Carlos Leitao, a demandé aux principale­s sociétés d’état, soit Hydro-québec, la SAQ, Loto-québec et Investisse­ment Québec, d’effectuer un « effort additionne­l » pour renflouer les coffres du gouverneme­nt.

Bien que les directions des quatre grandes sociétés d’état aient emboîté le pas de la « rigueur budgétaire » imposée par le ministre Leitao, le poste « Revenus provenant des entreprise­s du gouverneme­nt » s’est malheureus­ement aligné sur une pente descendant­e au fil des années.

Lors du dernier exercice financier du gouverneme­nt Marois, soit en 2013-2014, les sociétés d’état avaient rapporté au gouverneme­nt des revenus de 5,43 milliards.

Lors du premier exercice finan- cier de 2014-2015 du gouverneme­nt Couillard, « l’effort additionne­l » demandé par le ministre Leitao s’est traduit par un résultat à la baisse de 94 millions, le revenu des entreprise­s du gouverneme­nt rapportant un peu moins de 5,34 milliards.

L’année suivante, 2015-2016, s’est avérée désolante pour le poste des revenus tirés des sociétés d’état. Par rapport à 2014-2015, elles ont rapporté dans les coffres du gouverneme­nt 421 millions de moins, soit 4,91 milliards et des poussières.

Et lors du troisième exercice financier du gouverneme­nt Couillard, soit celui de 2016-2017, les revenus en provenance des sociétés d’état ont une fois de plus diminué, pour tomber à 4,81 milliards.

C’est donc dire que, depuis l’élection du gouverneme­nt Couillard, et ce, malgré la demande du ministre Leitao d’effectuer un « effort additionne­l », les revenus des quatre grandes sociétés d’état ont chuté de 612 millions.

Et si on se fie aux prévisions du ministre dans son dernier budget de 2017-2018, la situation risque de se détériorer davantage cette année et l’an prochain.

NON PERTINENTS

Face à une telle réduction des revenus en provenance des sociétés d’état, l’octroi de bonis aux dirigeants et aux employés des sociétés d’état apparaît déraisonna­ble.

Les bonis à la performanc­e, c’est bon pour les entreprise­s privées qui cherchent à motiver leur personnel afin d’affronter la vive concurrenc­e.

Mais dans une société d’état qui détient le monopole, comme c’est le cas avec Hydro-québec, Loto-québec, la SAQ, Investisse­ment Québec… elle est où la concurrenc­e ?

Comprenez-moi bien. Je ne dis pas que les employés et les dirigeants des sociétés d’état ne donnent pas leur 100 % au travail. Je tiens pour acquis qu’ils le donnent et qu’ils sont rémunérés en conséquenc­e.

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