Le Journal de Quebec

Le milliardai­re Campeau s’est éteint dans la précarité

L’homme d’affaires franco-ontarien a ouvert la voie aux francophon­es du Canada

- FRANCIS HALIN

L’homme d’affaires autrefois milliardai­re, Robert Campeau, s’est s’éteint dans la pauvreté à l’âge de 93 ans à sa résidence d’ottawa, le 12 juin, s’est désolé Michel Nadeau, directeur général de l'institut sur la gouvernanc­e d'organisati­ons privées et publiques (IGOPP), qui l’a bien connu.

« C’était un homme qui voulait montrer qu’un francophon­e pouvait réussir au Canada. J’hésite à le comparer à Donald Trump. Mais il y avait ce côté “vendeur de rêve” et “fabricant de promesses” », a confié au Journalmic­hel Nadeau, encore ébranlé par le décès du grand bâtisseur.

Robert Campeau était l’une des figures francophon­es marquantes ayant eu du succès en affaires au Canada anglais à une époque où il fallait défoncer les portes.

« Il voulait démontrer que les francophon­es pouvaient aussi réussir. Quand il s’est fait refuser le contrôle de la Royal Trust, il s’est vite rabattu sur Macy’s… », a expliqué M. Nadeau.

Né près de Sudbury, le jeune Campeau a occupé plusieurs emplois à Ottawa, où il a grandi avant de devenir un homme d’affaires réputé.

Il a été conducteur de camion et propriétai­re de petit magasin avant de fonder son entreprise de constructi­on en 1953.

À Ottawa, il a construit plus de 25 000 résidences dans un seul quartier.

Parmi ses projets plus connus au pays, notons les Terrasses de la Chaudière à Gatineau ou encore la Place de la Ville, à Ottawa.

« Campeau Corporatio­n a démarré avec des contrats fédéraux. Il aurait d’ailleurs dû rester dans l’immobilier, mais ses banquiers l’ont mal conseillé », s’est désolé M. Nadeau.

UNE FAILLITE EN 1990

On lui doit de nombreuses tours de bureaux à Ottawa, à Toronto ainsi qu'aux ÉtatsUnis, en Californie, au Texas et en Floride. En 1986, Robert Campeau s’offre en effet deux chaînes américaine­s, Allied Stores et Federated Department Stores, au coût de 12 milliards $ (comprenant les bannières Macy's et Jordan Marsh).

Sa sortie du domaine immobilier le distrait toutefois, note Michel Nadeau. Il déclare faillite en 1990.

UN HOMME FLAMBOYANT

M. Campeau était aussi reconnu pour les fêtes qu'il organisait à sa résidence de Toronto. Ceux qui l'ont côtoyé parlent de lui comme d'un homme extraverti, connu et hautement respecté.

À la fin de sa vie, Robert Campeau était très engagé dans sa communauté, auprès d'oeuvres de bienfaisan­ce notamment.

Il s’est malheureus­ement éteint dans des conditions très précaires, selon Michel Nadeau.

« Fédéralist­e convaincu, il vivait comme un Canadien anglais. Comme Pierre Trudeau, il voulait prouver qu’un Canadien français peut réussir au pays », a-t-il conclu, insistant pour lui rendre hommage une dernière fois.

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