Trump, sa réputation et ses admirateurs
WASHINGTON | Il y aurait beaucoup à dire sur la dernière enquête du Pew Research Center, démontrant que Donald Trump est détesté partout dans le monde, sauf en Israël et en Russie.
Pas sûr d’ailleurs qu’il soit indifférent à ces résultats : pour un homme qui carbure à l’adulation publique, il doit rager de voir que, par 54 points au Japon, 70 points en France ou 83 points en Suède, les gens lui ont préféré l’ancien président Obama pour gérer les affaires du monde.
De ces chiffres, sa base en est sûrement fière : je parle de ces 39 % d’américains, selon le dernier sondage Gallup, qui continuent d’approuver ce qu’il fait ; ces supporteurs dont Trump se vantait en campagne pour l’investiture républicaine qu’ils ne perdraient pas même s’il se tenait « au milieu de la 5e avenue à New York et descendait quelqu’un ».
Pour ces partisans-là, si les Sénégalais, les Brésiliens ou même les Canadiens se méfient de Trump, c’est que tout se passe bien : qu’il se consacre à « Make America Great Again » et tant pis pour le reste de la planète ! Plus intéressants qu’eux (les « déplorables » d’hillary Clinton) ou ces peuples que Trump rebute, il y a ces deux âmes en peine à qui le milliardaire impulsif de 71 ans plaît bien.
LES ISRAÉLIENS D’UN CÔTÉ
Les Israéliens, à 56 % contre 49 %, préfèrent Trump à Obama. Les Israéliens ont une légitime obsession – la sauvegarde de l’état hébreu – et Barack Obama, en dépit d’efforts sincères, n’est jamais parvenu à les rassurer sur son engagement à prendre aveuglément leur défense dans un éventuel grand marchandage pour la paix au MoyenOrient.
Donald Trump, à l’inverse, avec cette façon simple de s’exprimer, inspire suffisamment confiance aux Israéliens pour qu’en plus de le favoriser au détriment d’obama, ils le voient comme un leader fort à 69 %, un personnage charismatique à 71 % et un homme amplement qualifié pour être président à 54 %.
Ailleurs dans le monde, ils ne sont en moyenne que 26 % à le juger adéquatement qualifié. Autrement, du nord au sud et d’est en ouest, les gens interrogés, en majorité, le considèrent comme arrogant, intolérant et dangereux. Belle réputation !
LES RUSSES DE L’AUTRE
Les Russes aussi sont un cas. L’opinion qu’ils se faisaient des États-unis et du président américain a pris un coup pour le pire en 2014, après l’inva- sion de la Crimée et les sanctions qui ont suivi. Cela dit, au cours des quinze dernières années, ils ne se sont jamais vraiment amourachés des chefs de la Maison-blanche : George W. Bush, à son meilleur, n’inspirait confiance qu’à 28 % d’entre eux et si Barack Obama a grimpé à 41 %, il a quitté la présidence avec un maigre 11 % d’appréciation.
Donald Trump, lui, corrige tout ça et, à 53 % d’approbation, il est mieux vu par la population russe que les ÉtatsUnis eux-mêmes. Il correspond, il faut le reconnaître, à leur fascination pour les dirigeants qui ont de la poigne.
Dans un récent sondage réalisé par la firme moscovite Levada, les Russes, invités à nommer les plus grands individus de tous les temps, ont choisi Staline en première place, Poutine tout de suite derrière. En 14e place, le premier étranger : Napoléon. Avec ses « J’aimerais lui donner un coup de poing en plein visage », en parlant d’un protestataire ou « je vais bombarder “the shit out of” l’état islamique. », pas étonnant que les amateurs de gros bras aient un faible pour le nouveau maître de Washington.
Pour un homme qui carbure à l’adulation publique, il doit rager de voir que, par 54 points au Japon, 70 points en France ou 83 points en Suède, les gens lui ont préféré l’ancien président Obama.