Le Journal de Quebec

PQ : la fin d’une époque ?

- JOSEPH FACAL joseph.facal@quebecorme­dia.com

Maintenant au 3e rang, le PQ vit des moments parmi les plus difficiles de son histoire.

Il subit des pertes sur sa gauche et sur sa droite. Il a perdu son identité. Son électorat s’effrite depuis la fin des années 1990.

Il n’est plus la maison commune de tous les souveraini­stes, désormais éparpillés.

Le désir de battre le PLQ pourrait conduire nombre de francophon­es à voter tactiqueme­nt pour la CAQ.

Le PQ est-il entré en phase terminale ? Pourrait-il subir le sort du Bloc québécois, réduit à une poignée d’élus ?

RENOUVELLE­MENT

Graver sa pierre tombale serait prématuré. Les quinze mois d’ici aux prochaines élections sont une éternité politique.

Mais un coup d’oeil dans le rétroviseu­r de l’histoire donne à réfléchir.

Depuis 1867, un seul parti politique au Québec a traversé le temps et duré jusqu’à aujourd’hui : le PLQ.

En face de lui, trois partis ont successive­ment été la principale solution de rechange : d’abord, le Parti conservate­ur du Québec, puis l’union nationale, puis le PQ.

La percée de l’union nationale, en 1936, a sonné le glas du Parti conservate­ur. Il ne servait plus à rien.

La naissance du PQ a déclenché le compte à rebours qui a conduit, rapidement, à la mort de l’union nationale. Elle ne servait plus à rien.

On doit au politologu­e Vincent Lemieux la thèse des partis dits « génération­nels ».

Un groupe de gens à peu près du même âge partagent une insatisfac­tion. Ces gens

Depuis 1867, un seul parti politique au Québec a traversé le temps et duré jusqu’à aujourd’hui : le PLQ.

croient aussi, grosso modo, aux mêmes solutions de rechange.

Si leur diagnostic et leurs solutions sont en phase avec des aspiration­s largement partagées dans la société, ce parti grandira, s’installera, tuant au passage celui qui n’est plus en phase avec son époque.

Quand la ruralité s’est mise à décliner au profit de l’urbanisati­on, quand les baby-boomers se sont installés aux commandes de la société, le PQ a supplanté l’union nationale, car il était davantage l’écho et le reflet de ce nouveau Québec.

En France, en Espagne, en Italie, le déclin de la vieille classe ouvrière industriel­le a entraîné l’inéluctabl­e marginalis­ation de partis communiste­s jadis puissants. ÉLITE

Comment expliquer l’exceptionn­elle longévité du PLQ ? C’est assez simple.

Le Québec peut bien changer, mais il a et aura toujours une élite économique.

Le PLQ, c’est son outil, périodique­ment renouvelé pour véhiculer les intérêts des réseaux d’affaires.

Le PLQ incarne aussi la stabilité et le refus des changement­s brusques, deux valeurs très prisées par un peuple québécois ballotté par l’histoire.

Comme il est aussi le principal rempart face à cette « menace séparatist­e » honnie par les immigrants : ces derniers, chaque année, apportent de nouvelles cohortes d’électeurs au PLQ.

C’est un atout électoral considérab­le que de pouvoir importer ses électeurs.

Coincé entre la CAQ et QS, boudé par des jeunes qui le voient comme un parti de baby-boomers, le PQ pourrait-il subir le sort de l’union nationale ?

Je poursuis ma réflexion samedi.

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