Le « califat » de L’ÉI achève
Selon la coalition, la reprise de Mossoul n’est plus qu’une question de jours
MOSSOUL | (AFP) Le « califat » du groupe État islamique (ÉI) touche à sa fin, trois ans jour pour jour après sa proclamation par les djihadistes qui ont perdu le site de la mosquée Al-nouri à Mossoul, a déclaré hier le premier ministre irakien.
Le groupe extrémiste avait proclamé, le 29 juin 2014, un « califat islamique » à cheval entre l’irak et la Syrie marqué par une longue série d’atrocités, souvent filmées par ses partisans.
« Nous assistons à la fin du faux État de Daech », a affirmé le premier ministre irakien Haider al-abadi en anglais sur son compte Twitter, utilisant un acronyme en arabe de L’ÉI.
Un porte-parole militaire de la coalition internationale antidjihadiste, dirigée par Washington, a pour sa part estimé que la reprise totale de la cité irakienne était une question de « jours ».
SITE EMBLÉMATIQUE
L’annonce officielle de la reprise « sera faite par le gouvernement d’irak. Je ne peux pas fixer de date à sa place, mais je vois ça plutôt en jours qu’en semaines », a déclaré le colonel américain Ryan Dillon.
Quelques heures plus tôt, les forces irakiennes avaient annoncé avoir repris le site de la mosquée emblématique alors qu’elles poursuivent leur offensive pour chasser les djihadistes de leur dernier carré de la deuxième ville d’irak.
« Le Service du contre-terrorisme (CTS) contrôle la mosquée Al-nouri et (le minaret) Al-hadba », a indiqué le Commandement des opérations conjointes.
Un haut commandant des CTS, le général Abdel Ghani al-assadi, a également confirmé la reprise du bâtiment, affirmant à la télévision que « la mosquée est (maintenant) derrière nos troupes ».
C’est dans cette mosquée qu’abou Bakr al-baghdadi avait fait en juillet 2014 son unique apparition publique connue en tant que chef de L’ÉI, peu après que les djihadistes s’étaient emparés de Mossoul. Il avait appelé dans un prêche les musulmans à lui obéir.
La mosquée Al-nouri et le minaret penché, connu sous le nom d’« Al-hadba » [la bossue] et surnommé « la tour de Pise irakienne », ont été détruits le 21 juin par les djihadistes qui les ont fait exploser.
Situés dans le Vieux Mossoul, ils étaient des monuments emblématiques de la ville et avaient acquis une importance particulière sous le règne de L’ÉI.
BOUCLIERS HUMAINS
À Mossoul, le groupe djihadiste contrôle toujours un petit secteur de la vieille ville, mais les rues étroites et la présence de nombreux civils rendent l’avancée des forces irakiennes extrêmement délicate.
Des dizaines de milliers de civils sont « retenus comme boucliers humains » dans ce secteur, selon L’ONU.
Trois ans après la prise de Mossoul par les djihadistes, le sort de leur chef Baghdadi demeure inconnu. Le 16 juin, la Russie avait affirmé dans un communiqué l’avoir probablement tué lors d’une frappe menée fin mai par son aviation près de Raqa, principal bastion de L’ÉI en Syrie.
EN SYRIE
Du côté de la Syrie, l’alliance kurdo-arabe soutenue par Washington a coupé la dernière issue permettant aux djihadistes de fuir la ville septentrionale de Raqa, selon l’observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).
Les Forces démocratiques syriennes (FDS) ont « pris le contrôle d’une région au sud de l’euphrate, coupant ainsi la dernière route que L’ÉI pouvait utiliser pour se retirer de Raqa », a expliqué le directeur de L’OSDH.
« Les FDS ont pu maintenant encercler complètement Raqa », a-t-il dit.
Quelque 2500 djihadistes combattent dans la ville, selon le général britannique Rupert Jones, commandant en second de la coalition internationale.