Le Journal de Quebec

150 ans et un jour

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« Vous êtes le plus gentil pays au monde. Vous êtes comme un très bel appartemen­t situé au-dessus d’un laboratoir­e de méthamphét­amine. » – Robin Williams.

Je l’ai déjà écrit, ma patrie n’a pas 150 ans, elle a 400 ans. Au lieu d’être née des ambitions coloniales du roi d’angleterre, elle est née des ambitions coloniales du roi de France. Être de souche française ne confère aucun avantage moral, mais nous sommes ce que nous sommes.

Cela ne m’empêche pas de réfléchir au 150e anniversai­re du début de la séparation du Canada et du conquérant, la Grande-bretagne, processus quasi achevé en 1982 avec le rapatrieme­nt frauduleux de la Constituti­on.

Ho, hé ! Fédéralist­e ne veut pas dire stupide !

« PAS LE GOULAG »

Malgré cette tache sur notre histoire – qui sera probableme­nt nettoyée quand le Canada va renvoyer la Couronne britanniqu­e –, la majorité des Québécois francophon­es hors de la bulle des réseaux sociaux et des chroniqueu­rs tournent le dos à l’indépendan­ce.

Comme l’a déjà dit René Lévesque, « le Canada n’est pas le goulag », tout en qualifiant le fédéralism­e de « broche à foin ». Il avait raison, mais ça fonctionne. Nous sommes le pays le plus envié dans le monde. La Scandinavi­e des Amériques.

Pour ne pas le reconnaîtr­e, certains commentate­urs politiques disent plutôt que le Canada n’existe pas vraiment. Que c’est un fake country.

Avec 35 millions de faux citoyens ?

EXPÉRIENCE­S POSITIVES

Se dire nationalis­te québécoise sans être souveraini­ste rend aussi populaire que d’exprimer de la sympathie pour le nazisme. Les mots « colonisée, traître, vendue » vont se retrouver dans les commentair­es. Soit. Mais je ne peux que parler de ma propre expérience hors Québec. Le Canada a été bon pour moi. Vancouver, Calgary et Toronto m’ont accueillie, ainsi que ma famille, avec générosité. J’ai fait carrière « d’un océan à l’autre » sans qu’on me demande de renier qui je suis. Sans jamais être insultée. Mes enfants ont été scolarisés en français, au public, en Alberta.

J’ai échangé, d’égal à égal, avec de grands intellectu­els du Canada anglais.

On ne m’a jamais reproché de revendique­r mon appartenan­ce aux peuples fondateurs, un principe fondamenta­l, à condition de reconnaîtr­e le droit d’aînesse des Premières Nations et de réparer les erreurs de l’histoire envers ces peuples martyrisés.

J’ai été fière que le premier ministre aille s’asseoir dans le tipi érigé devant le Parlement en signe de protestati­on. Harper n’avait pas visité le campement d’idle no More.

LES LIMITES DU PM

Justin Trudeau n’est ni éternel ni infaillibl­e et le Canada n’est pas un pays postnation­al sans identité.

Notre identité est façonnée par l’immensité du territoire. Par la nordicité, la nature. Par les Premières Nations. Par la mémoire des ancêtres venus de partout. Par la spécificit­é du Québec. Elle suppose la fierté de vivre dans un pays pacifique, généreux, libre, égalitaire, « pas parfait, mais pas loin » (que Desjardins me pardonne).

Mais attention ! le multicultu­ralisme radical est une fuite en avant face aux défis migratoire­s. Ne pas encourager les immigrants à se fondre dans le noyau canadien porteur de nos valeurs communes les enferme dans une identité ethnicorel­igieuse qui leur coupe les ailes et prive la collectivi­té du meilleur de ce qu’ils nous apportent depuis au moins 150 ans.

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