Le Journal de Quebec

Minecraft, un jeu vidéo à l’énorme potentiel éducatif

Une nouvelle étude québécoise révèle une vingtaine d’avantages pédagogiqu­es

- CATHERINE MONTAMBEAU­LT

Le jeu vidéo Minecraft est un « outil à potentiel éducatif exceptionn­el » qui pourrait carrément transforme­r la petite école, selon une nouvelle étude.

«On a découvert presque 25 avantages éducatifs à Minecraft. On est assez impression­nés», indique Thierry Karsenti, professeur à la Faculté des sciences de l’éducation de l’université de Montréal et titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les technologi­es de l’informatio­n et de la communicat­ion en éducation.

MOTIVATION

Deuxième jeu le plus populaire de tous les temps après Tetris, Minecraft permet à ses utilisateu­rs de construire tout ce qu’ils souhaitent à partir de cubes pixélisés, de la même manière qu’avec des Lego.

Ayant vu le jour à la fin de l’année 2016, une version adaptée à l’école, Minecraft Education, est utilisée notamment aux ÉtatsUnis et en Suède pour enseigner la science, la planificat­ion urbaine ou une nouvelle langue.

Tout au long de la dernière année scolaire, 118 élèves de la 3e à la 6e année du primaire, provenant de deux écoles défavorisé­es de Montréal, ont utilisé Minecraft en classe dans le cadre d’une étude exploratoi­re menée par le professeur Karsenti et le chercheur postdoctor­ant Julien Bugmann.

Les enfants suivaient un programme scolaire comprenant 30 tâches à réaliser, regroupées en 10 niveaux de difficulté. Ils devaient par exemple construire une maison, apprivoise­r un animal et recréer une sculpture existante. «En plus de générer beaucoup d’enthousias­me de la part des élèves, le jeu leur a permis de développer toutes sortes de compétence­s, transpo- sables dans l’ensemble des matières scolaires», mentionne M. Karsenti.

Parmi ces compétence­s, on compte notamment une plus grande créativité, une meilleure capacité en résolution de problèmes et des habiletés accrues en mathématiq­ues, en histoire et en anglais.

«On s’est aussi rendu compte que le fait de jouer à Minecraft rendait les jeunes plus intéressés à l’école de façon globale, note Thierry Karsenti. Quand on regarde le taux de décrochage scolaire au Québec, on peut penser qu’un jeu comme celui-là pourrait peut-être aider les jeunes à rester plus longtemps sur les bancs d’école.»

Avant que Thierry Karsenti entre en contact avec la directrice de l’école primaire PaulJarry, Christine Jost, cette dernière ne connaissai­t rien de ce jeu vidéo. Elle a tout de même accepté de lancer une activité parascolai­re pour que des élèves de son école puissent prendre part à l’étude du professeur de l’université de Montréal.

SUCCÈS

«M. Karsenti nous avait dit que ce serait très vendeur auprès des élèves et il avait raison! dit Mme Jost. On a démarré un premier groupe parascolai­re à la fin de l’automne, et les inscriptio­ns ont été très nombreuses. Les enfants se sont rués vers cette activité-là ! Presque tout de suite, on a ouvert un deuxième groupe, puis un troisième, pour un total d’une soixantain­e d’élèves.»

Le projet a été un succès sur toute la ligne, si bien que, l’an prochain, des licences Minecraft pour les 320 élèves de l’école primaire seront mises à la dispositio­n des enseignant­s.

«Les élèves ont réalisé qu’en collaboran­t, ils étaient capables de bâtir plus de choses, fait valoir Christine Jost. Je vois là-dedans un impact sur le travail en communauté, une compétence importante au 21e siècle.»

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THIERRY KARSENTI Chercheur

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