Michaëlle Jean et les amis imaginaires
Faites vite, il ne reste que quelques jours pour soumettre votre candidature pour un concours artistique organisé par Michaëlle Jean. Mais attention ! Pour y participer, il faut être un jeune musulman de 15 à 30 ans. Vous avez bien lu. Dans un pays supposément laïque, on favorise une religion plutôt qu’une autre. On sépare les citoyens selon leur ami imaginaire…
REPOUSSER LA HAINE
Si vous êtes de la « bonne » religion, vous avez jusqu’à mercredi pour soumettre à la Fondation Michaëlle Jean vos « propositions pour la réalisation d’une oeuvre vidéo en format numérique ».
Les oeuvres sélectionnées feront partie d’une exposition itinérante intitulée Repousser la haine, favoriser l’inclusion.
On tient pour acquis, dès le départ, que les jeunes musulmans sont victimes de haine. On impose le narratif de victimisation avant même de connaître le contenu des vidéos.
Si une jeune musulmane voulait témoigner de la liberté de pensée et d’action dont elle bénéficie au Canada comparativement à son pays d’origine, serait-ce acceptable pour la Fondation ?
Imaginons un jeune gai musulman qui dénonce la « haine » des homosexuels dans son pays d’origine…
Et si une jeune Iranienne, dont les parents ont fui un pays où le voile est obligatoire, soulignait à quel point le Canada est un pays où les femmes peuvent se promener les cheveux au vent, est-ce que ça coïnciderait avec le narratif de « haine » de la Fondation ?
Comment mesure-t-on le degré de religiosité du candidat ? Un certificat de son imam qui atteste de son assiduité à la mosquée ? S’il est issu d’une famille musulmane, mais qu’il est athée, est-il admissible ? Et s’il est musulman, mais non pratiquant ? Si un jeune se convertit à l’islam, est-il admissible ?
« Dix soumissions seront choisies par un jury pour faire partie de cette exposition originale sur la jeunesse musulmane », lit-on sur le site de la Fondation.
Je suis peut-être naïve, mais je pensais qu’on avait une seule et unique « jeunesse canadienne ». Pas une jeunesse bouddhiste, une jeunesse pastafariste, une jeunesse juive, une jeunesse scientologiste, une jeunesse témoin de Jéhovah, etc.
Je ne pensais pas que le fait qu’un jeune ait un ami imaginaire plutôt qu’un autre était un signe distinctif. Je pensais que tous les jeunes étaient égaux.
Je pensais que ce n’était pas bien de montrer un jeune du doigt en lui disant « Toi, tu es un musulman, toi, tu es un juif et toi, tu es un chrétien. Tu es différent des autres. »
Je ne comprends même pas qu’on puisse parler d’un jeune de 15 ans en le décrivant comme étant d’une religion ou d’une autre. C’est aussi ridicule que de dire qu’un jeune de 15 ans est un libéral, un conservateur ou un caquiste. La religion est une croyance, pas une caractéristique. Ce n’est pas une race, pas une distinction.
LA MAUVAISE FOI
L’exposition sera inaugurée en septembre 2017, lors du Symposium 2017 de la Commission canadienne des droits de la personne intitulé Au-delà des étiquettes. Ça ne s’invente pas… Vous dénoncez les étiquettes, mais c’est précisément ce que vous encouragez : vous dites que certains jeunes sont différents des autres, dès lors que vous leur accolez l’étiquette de « musulman ».
Ce projet, qui se veut progressif, est en fait régressif. Ce projet, qui se présente pour la tolérance, encourage en fait l’intolérance.