10 années de trop
Selon Sarah Patenaude, pour bien vivre, il faut travailler, mais ne pas ambitionner. Il faut prendre des vacances, manger des fruits et de la viande et bien pratiquer sa religion, quelle qu’elle soit. « De toute façon, il y a du bon dans toutes les religions », dit-elle.
« Et prendre un p’tit coup, c’est agréable, mais des fois ! » ajoute-t-elle en riant.
Mais le sourire s’efface rapidement de ses lèvres. Vivre vieux ne veut pas dire vivre heureux. « Cent dix ans, c’est long, vous savez, laisse-t-elle tomber. Cent ans seraient bien assez. Le Bon Dieu m’a peut-être oubliée... »
Depuis une dizaine d’années, Mme Patenaude a des ennuis de santé. Elle a dû être réanimée à la suite d’un arrêt cardiaque à 99 ans. Deux ans plus tard, elle s’est brisé une hanche et depuis ses 109 ans, à son grand désarroi, elle ne peut plus prendre de bain seule.
Elle vit maintenant dans l’angoisse de mourir dans la souffrance.
ENSEIGNANTE DURANT 47 ANS
Comme bien des femmes de sa génération, Mme Patenaude a travaillé fort toute sa vie. Dans sa jeunesse, jusqu’à ses 18 ans, elle a travaillé sur la terre familiale où elle est née, à Embrun, en Ontario. Puis elle est devenue enseignante à l’âge de 18 ans dans une école de rang.
« Fallait être sévère, dit-elle. Enseigner à 48 élèves dans une même classe quand tu as 18 ans, c’est difficile, surtout qu’ils étaient d’âges différents… »
L’hiver, elle se rendait à l’école en raquettes. « Je suivais la trace des chevaux », se souvient celle qui, en plus d’enseigner, devait voir à l’entretien de l’école et du poêle à bois.
Mme Patenaude a enseigné jusqu’à l’âge de 65 ans.