Le tiers des établissements du Québec dans le rouge
Le manque à gagner varie de 1 % à 2,2 % du budget annuel
Après le CUSM à Montréal, c’est le CHU de Québec qui a enregistré le pire déficit de la province l’an dernier, avec 9,6 millions $.
La direction explique que ce montant inclut 3,2 M$ en fonds d’immobilisation, soit des projets autofinancés, et que le déficit « réel » est plutôt de 6,4 M$. On rappelle aussi que le budget total dépasse le milliard de dollars, et que le retour à l’équilibre est prévu cette année.
« On n’a pas touché aux services aux patients, on est fiers de ça, dit Geneviève Dupuis, porte-parole du CHUQ. On a amélioré les façons de travailler, et avancé dans les processus de gestion. »
Au CISSS de la Côte-nord, le déficit de 7,9 M$ a forcé la direction à adopter un vaste plan de transformation.
Parmi les mesures étudiées actuellement, on note la fusion de deux centres d’hébergement et de certains services alimentaires, et la révision des ratios de personnel. On vise l’équilibre budgétaire en 2019-2020.
C’est toutefois au Centre universitaire de santé Mcgill (CUSM) que le déficit est le plus élevé, soit 23,4 M$.
« C’est un défi, tout le monde y travaille, assure Richard Fahey, directeur des communications du Centre universitaire de santé Mcgill [CUSM]. On a déposé un budget équilibré et on entend le respecter. Le mot d’ordre est clair. »
DÉFICIT RÉCURRENT
Les problèmes financiers du CUSM ne datent pas d’hier. L’an dernier, son déficit était aussi le pire au Québec, à 42 millions $. Il a même atteint 90 M$ en 2012-2013.
Au Québec, le tiers des établissements de santé (12 sur 35) ont enregistré un déficit en 2016-2017, selon des données du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) obtenues par Le Journal. Leur manque à gagner varie de moins de 1 % à 2,2 % (Côte-nord) du budget annuel.
Certains centres intégrés de santé et de services sociaux (CISSS) ont enregistré un surplus budgétaire, notamment Lanaudière (+5,5 M$). Globalement, les établissements ont accumulé un déficit de 5 098 988 $, soit beaucoup moins que l’an dernier (32 M$).
Les hôpitaux qui ont enregistré des déficits font l’objet d’un suivi resserré au MSSS et doivent produire un plan d’équilibre budgétaire approuvé.
Or, les mesures ne doivent pas avoir d’impact sur l’accès aux ser- vices, indique-t-on.
« Selon les situations, plusieurs mesures peuvent être déployées, par exemple la suspension des projets de développement et projets d’immobilisation, tutelle et accompagnement ministériel », écrit par courriel la direction des communications du MSSS.
COPIER LES MEILLEURS
Au CUSM, la direction veut s’inspirer d’établissements universitaires comparables pour améliorer ses pratiques.
« Si d’autres sont capables de livrer les mêmes soins […] il faut qu’on apprenne d’eux pour être plus efficaces », dit M. Fahey.
Par ailleurs, même si le budget a été révisé à la baisse depuis l’ouverture du site Glen en 2015, on assure que les soins aux patients ne seront pas affectés.
« Ce n’est pas une question de couper, mais de faire différemment, dit-il. On a appris à vivre avec les moyens du bord. […] L’objectif est de s’assurer qu’on continue d’offrir des soins de qualité. »
À noter que le MSSS n’imposera pas de compressions budgétaires aux établissements cette année. Le budget du réseau alloué aux services à la population atteint 25,8 milliards $ (+3,6 %).