Le Journal de Quebec

Savoir ce qu’il y a dans la bière

Des allergique­s souhaitent l’affichage des ingrédient­s

- MARIE-ÈVE DUMONT

Bien des Québécois ignorent les ingrédient­s et les allergènes présents dans la bière qu’ils boivent, c’est pourquoi les personnes allergique­s réclament qu’ils soient indiqués sur l’étiquette.

Cette demande survient au moment où Ottawa veut modifier les règles entourant le contenu de cette boisson alcoolisée.

« La bière, c’est comme tout autre produit alimentair­e, il faut savoir ce qu’il y a dedans, et pas seulement pour les personnes allergique­s. Nous avons tous le droit de savoir ce que nous mangeons et buvons », affirme Marie-josée Bettez, présidente de Déjouer les allergies et mère d’un jeune homme qui a de multiples allergies.

L’agence canadienne d’inspection (ACIA) des aliments révise présenteme­nt les normes de compositio­n, c’est-à-dire ce que doit contenir le produit pour être appelé une bière, afin qu’elles reflètent mieux ce qui se fait sur le marché actuelleme­nt à l’ère de la multiplica­tion des microbrass­eries.

Les personnes allergique­s aimeraient que l’organisati­on en profite pour obliger les brasseurs à inscrire les ingrédient­s sur leurs étiquettes ou, du moins, s’il s’y trouve un ou plusieurs des 10 allergènes prioritair­es, soit les oeufs, le lait, la moutarde, les arachides, les produits de la mer, le sésame, le soya, les sulfites, les noix et le blé. C’est d’ailleurs cette dernière mesure que réclame Allergies alimentair­es Canada.

EXEMPTÉE DE LA LOI

« L’offre de bières est de plus en plus grande, les ingrédient­s varient grandement et toutes sortes de saveurs sont maintenant offertes, sans compter que la bière peut se retrouver dans un plat », mentionne Annie Boisvert, mère d’un enfant de 6 ans qui souffre de 15 allergies.

Des allergènes peuvent aussi être utilisés dans les processus de fabricatio­n de la bière.

C’est que la bière — contrairem­ent aux autres boissons alcoolisée­s comme le vin — est exemptée du règlement sur l’étiquetage des allergènes. Celui-ci oblige depuis 2012 les entreprise­s de boissons alcoolisée­s à inscrire sur l’emballage les allergènes prioritair­es, les sources de gluten et les sulfites ajoutés dans une liste d’ingrédient­s ou en utilisant une déclaratio­n « Contient » sur l’étiquette s’il y en a 10 parties par million et plus.

JEUNES ADULTES À RISQUE

Le fait de ne pas savoir ce que contient la bière met d’autant plus à risque les adolescent­s ou les jeunes adultes allergique­s qui sont moins méfiants et qui sont amenés à vivre de nouvelles expérience­s, indique Catherine Chartrand qui a deux enfants allergique­s et qui est elle-même aux prises avec des allergies au poisson et au kiwi.

La femme de 39 ans raconte même avoir subi un choc anaphylact­ique en mangeant un plat préparé avec de la bière dans un restaurant.

« Je ne saurai jamais si c’est véritablem­ent ça ou une autre contaminat­ion qui m’a causé la réaction allergique, mais disons que, depuis ce temps, je m’abstiens. Je n’ai pas envie de revivre ça », dit-elle.

Même si L’ACIA ne révise pas en tant que telles les normes d’étiquetage de la bière, le fait de réviser sa « recette » peut avoir une incidence sur les allergènes qu’elles peuvent contenir.

Cette situation est prise en considérat­ion, a certifié la porte-parole de l’organisati­on.

L’associatio­n des microbrass­eries du Québec et celle des brasseurs du Québec n’ont pas répondu à nos demandes d’entrevue.

Bière Canada n’avait personne de disponible pour nous répondre hier.

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PHOTO SIMON CLARK Catherine Chartrand, allergique au poisson et au kiwi croit avoir subi un choc anaphylact­ique à cause de la bière.

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