Le Journal de Quebec

Le maire agresseur de Baie-trinité démissionn­e

Il a été condamné pour des gestes posés sur une secrétaire municipale

- EMY-JANE DÉRY

BAIE-TRINITÉ | Le maire de Baie-trinité, sur la Côte-nord, qui a agressé sexuelleme­nt une secrétaire de la municipali­té, a finalement démissionn­é mardi.

Le maire Denis Lejeune a écrit une lettre de démission qui a été lue par un autre élu, lors de la séance publique du conseil municipal, mardi. En mai, la Cour d’appel avait refusé d’entendre sa cause. Il pouvait rester en poste comme maire jusqu’au 7 août avant que la Commission municipale du Québec puisse entreprend­re les démarches pour sa destitutio­n.

Joint au téléphone, un des conseiller­s de la petite localité nord-côtière de 400 habitants, Yvan Chouinard, n’a pas souhaité faire de commentair­es sur la situation. « Je suis juste un conseiller. Moi, ça ne me dérange pas, il n’y a pas de troubles avec ça », a-t-il indiqué.

Celui qui est retraité de Kruger, selon le site de la municipali­té de Baie-trinité, a simplement confirmé les faits. « La municipa- lité continue telle quelle et je vais vous dire une chose, nous allons continuer jusqu’aux élections de novembre point », a-t-il dit, visiblemen­t irrité par l’appel du Journal.

RÉPUGNÉE PAR LE VILLAGE

La victime du maire, Caroline Lamarre, a pour sa part finalement quitté la municipali­té de Baie-trinité vendredi dernier.

Elle se dit « répugnée » par le village lorsqu’elle repense au peu de soutien qu’elle y a trouvé tandis qu’elle se battait devant les tribunaux contre son agresseur.

Mme Lamarre se sent frustrée à la lumière des réactions plutôt discrètes survenues après la démission du maire et durant toute la saga. « C’est aberrant, on dirait qu’on est dans un Twilight Zone. Tout le Québec comprend qu’il aurait fallu qu’il parte avant, sauf le village ». « Il [le village] n’a jamais été capable de se tenir debout pour moi, il a fallu du monde de l’extérieur pour le faire. Le village me répugne », a-t-elle dit.

Elle affirme s’être sentie abandonnée par sa communauté, mais aussi par le reste des élus de Baie-trinité.

« Il n’y en a jamais un qui a parlé pour moi. Ils s’en sont toujours lavé les mains. Ils ont toléré quelque chose qui n’avait pas d’allure. »

MAIRE SUPPLÉANT

Comme il reste moins de 12 mois avant le déclenchem­ent des prochaines élections, le conseil dispose de 30 jours pour désigner un maire suppléant parmi les conseiller­s afin de terminer le mandat. Il pourrait aussi choisir de pourvoir le poste avec une élection partielle, selon ce qui est prévu dans la Loi sur les élections et les référendum­s dans les municipali­tés.

Denis Lejeune a été condamné en 2015 pour agression sexuelle envers Caroline Lamarre, qui, à l’époque, occupait le poste de secrétaire-trésorière de la municipali­té de Baie-trinité. Les faits reprochés se sont déroulés sur son lieu de travail. Elle n’a jamais pu reprendre son emploi, alors que le maire est, lui, resté en poste jusqu’à sa démission de mardi.

Denis Lejeune n’a pas répondu à nos appels.

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PHOTOS D’ARCHIVES
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Le maire Denis Lejeune, reconnu coupable d’agression sexuelle en 2015, était resté en poste alors que sa victime, qui était secrétaire à Baie-trinité, Caroline Lamarre ( en mortaise) ne pouvait plus travailler.

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