« Notre pays nous a carrément laissé tomber »
Une famille québécoise est soulagée de rentrer à la maison hier après avoir vécu l’horreur à Saint-martin
Pillards armés de machettes et de fusils, violences dans les rues et attente interminable en plein soleil. Des Québécois déplorent avoir été parmi les derniers ressortissants étrangers sur l’île de Saint-martin à être rapatriés, six jours après l’ouragan Irma.
« Notre pays nous a carrément laissé tomber. Ils nous ont laissé pendant des jours dormir par terre comme du bétail, couchés au soleil à l’extérieur de l’aéroport, et personne ne venait nous chercher. C’était catastrophique », lance Roch Leblanc, fatigué, à sa sortie de l’avion à l’aéroport MontréalTrudeau hier, où l’attendaient des proches.
« Le Pérou, l’argentine, les Américains… on voyait tout le monde partir avant nous, les Canadiens », renchérit son fils Sian Quirion-leblanc.
M. Leblanc a été rapatrié à Toronto avec sa femme, deux de ses enfants et sa chienne Jill, lundi par un avion de la compagnie Westjet après avoir passé une semaine dans des conditions chaotiques dans la partie hollandaise de Saint-martin. Ils sont arrivés à Montréal hier en début d’après-midi en compagnie d’une dizaine d’autres rescapés.
PIRE APRÈS L’OURAGAN
Leurs vacances familiales dans les Caraïbes ont viré au cauchemar en raison du passage de l’ouragan destructeur Irma mercredi dernier, qui a presque tout détruit sur l’île paradisiaque.
« L’ouragan, c’est une catastrophe extraordinaire. On voyait des voitures voler, ce n’était juste pas possible. Mais après, c’était pire, c’était le chaos, il n’y avait aucune gestion de crise », rapporte M. Leblanc.
À ses côtés, son fils est encore sous le choc.
« Dans la rue, les gens se tuaient, ils pillaient, ils avaient des machettes et des fusils. Une gendarmerie s’est fait voler et les policiers n’avaient plus d’armes pour protéger les gens dans le besoin », explique le jeune Sian.
Sa mère, Claudie Quirion, avoue qu’elle était rendue au bout du rouleau quand l’avion de Westjet est enfin arrivé au secours.
« On ne croyait plus en rien, surtout ces derniers jours. Maintenant, je tiens à remercier Westjet. Ils étaient là pour nous quand on était pour baisser les bras. Ils nous ont hébergés, nous ont donné à manger », dit-elle, entourée de ses proches.
RETROUVAILLES TOUCHANTES
De leur côté, des parents ont vécu dans l’attente et l’angoisse pendant une semaine, avec des informations qui leur venaient au compte-gouttes étant donné les problèmes de communication causés par les dégâts.
« C’était tellement difficile de ne pas savoir s’ils étaient en vie. Mais mon Dieu merci, ils sont de retour et ils sont tous vivants », se réjouit la mère de M. Leblanc, Henriette, les larmes aux yeux.
La dame dit ne pas avoir dormi hier tellement elle avait hâte de retrouver son fils, sa bru et ses deux petits-enfants.
La fille de M. Leblanc, Cynthia Jubinville-leblanc, qui était pour sa part restée au Québec, a travaillé fort ces derniers jours pour venir en aide à sa famille en faisant appel aux médias et en faisant circuler l’information sur les réseaux sociaux.
« On n’avait presque aucune nouvelle… Ça fait du bien de les retrouver », dit-elle en souriant.