Le Collège connaîtra l’identité des médecins qui prescrivent des opioïdes
Alors que la crise du fentanyl est aux portes du Québec, le gouvernement Couillard vient d’accéder à une demande du Collège des médecins qui lui permettra de serrer la vis aux docteurs qui prescrivent trop d’opioïdes, a appris notre Bureau d’enquête.
Le Journal révélait cet été qu’en seulement trois ans, les prescriptions d’opioïdes, dont le fentanyl, ont augmenté de 22 % au Québec.
La province et tout le pays se retrouvent aux prises avec de nombreux cas de dépendance.
DES RAVAGES
Les prescriptions excessives, mais aussi les laboratoires clandestins, alimentent le marché noir.
La crise du fentanyl fait déjà des ravages dans l’ouest du pays.
Depuis deux ans, le Collège des médecins du Québec sonne l’alarme et demande d’avoir accès aux données de la Régie de l’assurance maladie (RAMQ), qui permet de savoir quel médecin prescrit quoi et à qui.
La Régie refusait en s’appuyant sur la loi d’accès à l’information.
« Le gouvernement a réussi à trouver un raccourci parce qu’il fallait agir, la crise se pointe au Québec », explique le Dr Charles Bernard, président et directeur général du Collège.
« ENQUÊTE SUR LES MÉDECINS »
Charles Bernard a donc été soulagé d’apprendre, hier après-midi, que le directeur de la santé publique venait de l’autoriser, en vertu d’un pouvoir exceptionnel, à mettre sur pied une étude épidémiologique.
Ainsi, il a aussitôt ordonné à la RAMQ et au ministère de la Santé de fournir au Collège les données sur les médecins et leurs ordonnances.
« Ça nous permettra de créer un programme de contrôle en continu », dit-il. Les équipes d’inspection pourront donc identifier les médecins et pharmacies qui prescrivent de façon inappropriée.
« Ce n’est pas la seule chose qui va permettre d’éviter ou diminuer la crise, prévient-il. Mais au moins, pour les prescriptions, on pourra faire un suivi plus serré et intervenir auprès de nos membres déviants. »
Le Collège souhaite effectivement la mise en place de nouvelles mesures pour rendre plus accessible la naloxone, l’antidote au fentanyl. Le gouvernement serait sur le point d’en annoncer, selon nos informations.