Le Journal de Quebec

Une fausseté répétée

- MARIO DUMONT mario.dumont@quebecorme­dia.com

Les membres du Parti québécois ont débattu du financemen­t des écoles privées lors de leur congrès. Ils ne sont pas les premiers ni les derniers. Québec solidaire a fait de la guerre aux écoles privées une priorité et les organisati­ons syndicales adorent remettre le sujet sur la table périodique­ment.

Débattre est légitime. Revoir les modèles et les façons de faire dans les services publics aussi. Cependant, aucun débat ne peut être productif si on l’amorce sur une fausse prémisse. Ceux qui veulent voir disparaîtr­e des écoles privées ont une déplaisant­e tendance à amorcer la discussion sur une gigantesqu­e erreur.

ROBIN DES BOIS

Selon leur version, il faudrait « couper le financemen­t aux écoles privées pour remettre l’argent dans le réseau public. » Beau sophisme : en apparence vous retirez de l’argent ici pour mieux le remettre là, cela paraît d’une logique impeccable.

Pour quiconque connaît la réalité, une telle affirmatio­n est tout sauf logique. Parce que les écoles privées ne sont pas financées comme telles. Le ministère de l’éducation débourse un montant pour chaque enfant. Lorsqu’un élève est inscrit au privé, l’état réduit ce versement de 40 % en assumant que les parents combleront la différence.

On comprend vite que si un élève quitte le privé et s’inscrit au public, le gouverneme­nt devra débourser ce 40 % supplément­aire. Or si une baisse de la subvention entraîne une hausse significat­ive des frais d’admission à l’école privée, des cohortes entières transférer­ont vers le réseau public.

Loin de générer une économie que le gouverneme­nt pourrait réinvestir, la réforme produirait plutôt une dépense supplément­aire. Pour promettre plus d’argent au réseau public, il faut donc supposer qu’une hausse des frais d’admission n’affecterai­t pas la fréquentat­ion des écoles privées. Impossible.

CLASSE MOYENNE

L’école privée québécoise est largement fréquentée par la classe moyenne. Si la facture annuelle (qui tourne présenteme­nt autour des trois ou quatre mille dollars) venait à doubler, on imagine facilement qu’il se produirait un exode.

Dans les centres comme Montréal et Québec, certaines écoles pour gens très riches survivraie­nt. Mais en région, le nombre de départs serait tel qu’il ne subsistera­it plus une masse critique permettant de maintenir une école privée ouverte.

La fermeture de l’école privée entraîne le transfert de tous les élèves dans le réseau public. Pour chacun des enfants, l’état doit hausser de 40 % sa subvention annuelle. Pire encore, dans le cas d’un transfert massif, le public pourrait être forcé d’investir dans des locaux. Des dizaines de millions de dépenses supplément­aires au lieu des économies espérées.

Les écoles privées sélectionn­ent-elles trop ? Ne feraient-elles pas assez leur part pour aider des jeunes ayant certaines difficulté­s à effectuer leur parcours ? Ce sont des questions légitimes à discuter.

D’autres sont allergique­s au mot privé et préfèrent que nous soyons servis par des monopoles d’état dans tous les domaines, au nom de l’égalité. Ce n’est pas mon idéologie, mais c’en est une légitime.

Cependant, faire miroiter des fonds nouveaux à l’école publique en promettant de couper le privé, c’est propager une fausseté. Et une fausseté mille fois répétée ne devient pas vraie.

Faire miroiter des fonds nouveaux à l’école publique en promettant de couper le privé, c’est propager une fausseté.

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