Une fausseté répétée
Les membres du Parti québécois ont débattu du financement des écoles privées lors de leur congrès. Ils ne sont pas les premiers ni les derniers. Québec solidaire a fait de la guerre aux écoles privées une priorité et les organisations syndicales adorent remettre le sujet sur la table périodiquement.
Débattre est légitime. Revoir les modèles et les façons de faire dans les services publics aussi. Cependant, aucun débat ne peut être productif si on l’amorce sur une fausse prémisse. Ceux qui veulent voir disparaître des écoles privées ont une déplaisante tendance à amorcer la discussion sur une gigantesque erreur.
ROBIN DES BOIS
Selon leur version, il faudrait « couper le financement aux écoles privées pour remettre l’argent dans le réseau public. » Beau sophisme : en apparence vous retirez de l’argent ici pour mieux le remettre là, cela paraît d’une logique impeccable.
Pour quiconque connaît la réalité, une telle affirmation est tout sauf logique. Parce que les écoles privées ne sont pas financées comme telles. Le ministère de l’éducation débourse un montant pour chaque enfant. Lorsqu’un élève est inscrit au privé, l’état réduit ce versement de 40 % en assumant que les parents combleront la différence.
On comprend vite que si un élève quitte le privé et s’inscrit au public, le gouvernement devra débourser ce 40 % supplémentaire. Or si une baisse de la subvention entraîne une hausse significative des frais d’admission à l’école privée, des cohortes entières transféreront vers le réseau public.
Loin de générer une économie que le gouvernement pourrait réinvestir, la réforme produirait plutôt une dépense supplémentaire. Pour promettre plus d’argent au réseau public, il faut donc supposer qu’une hausse des frais d’admission n’affecterait pas la fréquentation des écoles privées. Impossible.
CLASSE MOYENNE
L’école privée québécoise est largement fréquentée par la classe moyenne. Si la facture annuelle (qui tourne présentement autour des trois ou quatre mille dollars) venait à doubler, on imagine facilement qu’il se produirait un exode.
Dans les centres comme Montréal et Québec, certaines écoles pour gens très riches survivraient. Mais en région, le nombre de départs serait tel qu’il ne subsisterait plus une masse critique permettant de maintenir une école privée ouverte.
La fermeture de l’école privée entraîne le transfert de tous les élèves dans le réseau public. Pour chacun des enfants, l’état doit hausser de 40 % sa subvention annuelle. Pire encore, dans le cas d’un transfert massif, le public pourrait être forcé d’investir dans des locaux. Des dizaines de millions de dépenses supplémentaires au lieu des économies espérées.
Les écoles privées sélectionnent-elles trop ? Ne feraient-elles pas assez leur part pour aider des jeunes ayant certaines difficultés à effectuer leur parcours ? Ce sont des questions légitimes à discuter.
D’autres sont allergiques au mot privé et préfèrent que nous soyons servis par des monopoles d’état dans tous les domaines, au nom de l’égalité. Ce n’est pas mon idéologie, mais c’en est une légitime.
Cependant, faire miroiter des fonds nouveaux à l’école publique en promettant de couper le privé, c’est propager une fausseté. Et une fausseté mille fois répétée ne devient pas vraie.
Faire miroiter des fonds nouveaux à l’école publique en promettant de couper le privé, c’est propager une fausseté.