Le Journal de Quebec

Le bout en anglais

- Denis Forcier

Jean-françois Lisée a livré, vendredi soir dernier, au congrès du Parti québécois un discours remarquabl­e sur le fond autant que dans la forme, et surtout émaillé d’un humour taquin fort approprié. Il a plu et le vote du lendemain à 92,8 % confirmait la satisfacti­on des congressis­tes.

Ce qui a détonné cependant, selon moi, fut le bout en anglais visant les électeurs de cette langue. Et voici pourquoi : 1) d’une part, il a beaucoup mentionné dans son discours que nous étions une nation. Il a beaucoup insisté aussi sur le renforceme­nt de la langue française parce qu’elle est, depuis 1977, grâce à René Lévesque et Camille Laurin, la langue officielle du Québec. Et donc, de ce fait, elle est le vecteur principal de la convergenc­e de tous les Québécois dans la constructi­on, l’évolution et la pérennité de notre nation. 2) S’adresser comme il l’a fait en anglais spécifique­ment à la communauté historique anglophone donne le message qu’on l’aime bien, mais qu’elle ne fait pas partie de notre nation. C’est une politesse déplacée et surtout dépassée de la part d’un chef de parti politique dans le Québec d’aujourd’hui, parce que ça envoie le message que la nation québécoise se résume à sa composante française de souche, donc ethnique, plutôt que de comprendre toute la population du Québec. 3) De faire ainsi un privilège à la communauté anglophone au détriment des autres communauté­s, italienne, grecque, chinoise, etc., et, au surplus, ignorant tous les peuples autochtone­s du Québec qu’il aurait pu, au moins, saluer d’un KWE, n’apparaît pas à mes yeux comme le nec plus ultra d’un nouveau Parti québécois qui pourrait intéresser à nouveau les électeurs le 1er octobre 2018.

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