Le Journal de Quebec

Colloque sur le thème de l’islamophob­ie à l’université Laval

- ELISA CLOUTIER

Face à l’incompréhe­nsion de l’escalade de gestes haineux commis récemment à Québec, des musulmans estiment qu’un colloque sur le thème de l’islamophob­ie, prévu demain et vendredi à l’université Laval, arrive à point pour tenter de démystifie­r et d’expliquer le phénomène.

Organisé par Abdelwahed Mekki-berrada, professeur d’anthropolo­gie à l’université Laval, le colloque appelé « Islamophob­ie envers les musulmanes » se veut une façon non politisée de débattre et d’échanger sur l’islamophob­ie, en ayant comme porte d’entrée le sujet des femmes musulmanes, souvent surexposée­s et critiquées dans les médias, selon le professeur.

« Elles sont souvent la cible de critiques et même d’agressions [liées à leur habillemen­t]. On veut partir de cette situation pour mieux comprendre ce qu’est l’islamophob­ie en général », indique-t-il, en précisant que des chercheurs québécois, ontariens et européens prendront aussi part aux débats. Jusqu’à maintenant, quelque 120 personnes sont inscrites au colloque de deux jours

PLUS DE PRÉVENTION

Selon M. Mekki-berrada, l’islamophob­ie est une forme de « radicalisa­tion violente » et ainsi il faut développer des programmes de prévention et de lutte contre ce phénomène. Des services aux personnes qui souhaitent « se déradicali­ser en quittant les groupes extrémiste­s » devraient aussi être mis sur pied, estime-t-il.

D’ici là, la société québécoise doit « s’ouvrir pour comprendre », indique-t-il. « Tout le monde est perdu présenteme­nt, c’est comme si le ciel nous tombait sur la tête », mentionne-t-il.

Tout comme M. Mekki-berrada, la communauté algérienne de Québec ne s’explique pas l’augmentati­on du nombre de crimes haineux à Québec, qui a d’ailleurs doublé l’an dernier, passant de 25 en 2015 à 58 l’an dernier.

« On ne sait même pas ce qui a causé ça ; qu’a-t-on fait ? » se questionne le président de l’associatio­n de la communauté qui regroupe près de 6000 personnes à Québec.

« On a l’impression que les efforts d’intégratio­n peuvent tomber comme un château de cartes après les actes terroriste­s et de vandalisme », mentionne Djamel Gaïd, qui admet qu’après la tuerie à la mosquée survenue en janvier dernier, il s’attendait à « l’effet contraire ».

« Maintenant, comment peut-on faire pour que ça cesse ? On espère que ce soit juste une parenthèse et qu’un jour nous allons oublier ça », conclut-il.

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