Forcés de fermer leurs restaurants
Des propriétaires doivent composer avec un grave manque de travailleurs
Même si leur chiffre d’affaires a augmenté cet été avec la saison touristique exceptionnelle, des restaurateurs, dont le propriétaire de La Tyrolienne, sont contraints de fermer leur établissement malgré eux, faute de personnel.
C’est le cas notamment de Michel Moreau, propriétaire du restaurant La Tyrolienne depuis son ouverture il y a 44 ans, qui doit se rendre à l’évidence et fermer dorénavant ses portes les lundis. Du jamais vu, selon lui.
Cette pénurie majeure dans le domaine de la restauration a pris une si grande ampleur que même le projet pilote annoncé lundi par Québec pour faciliter le recrutement de main-d’oeuvre en France n’a pas l’effet d’un baume chez les restaurateurs interrogés par Le Journal.
« On est déjà en retard », indique Pierre Moreau, PDG des Restos Plaisirs de la région. Aucune fermeture temporaire n’est prévue dans les 12 restaurants de la bannière, mais M. Moreau concède qu’il doit surveiller la situation de près. « On ne veut pas faire faire d’heures supplémentaires à nos employés, pas parce qu’on ne veut pas les payer, parce qu’on ne veut pas les brûler », indique-t-il.
« C’EST UNE URGENCE »
C’est d’ailleurs pour éviter ce scénario que Marie Létourneau, propriétaire du Resto Délice de Lévis, a dû fermer son restaurant trois fois cet été pour permettre à ses employés de se reposer.
« Ce n’est pas une solution ! La Ville ne me fera pas de rabais sur mes taxes si je ferme », mentionne Mme Létourneau, visiblement à bout de souffle. « Je n’ai plus de vie, je ne veux pas m’éloigner, je suis toujours sur le qui-vive, je vis dans la peur tout le temps », indique-t-elle.
Après avoir passé un été « de fou », Mme Létourneau lance un véritable cri du coeur aux élus. « Il faut que les politiciens, les chambres de commerce comprennent qu’on manque de personnel et que c’est une urgence », poursuit-elle.
CHANGER LE CALENDRIER SCOLAIRE ?
Ouverture récente de plusieurs nouveaux restaurants, population vieillissante et faible taux de chômage dans la région expliquent une partie du problème. Toutefois, selon les restaurateurs, un changement au calendrier scolaire pourrait donner un important coup de pouce aux PME en manque de main-d’oeuvre.
« Pourquoi on ne termine pas l’école le 30 juin et qu’on ne la commence pas au mois d’octobre? Surtout que, maintenant, septembre est un des plus beaux mois », estime Pierre Moreau. Cette solution est également partagée par Mme Létourneau, qui mentionne qu’après la fête du Travail, les besoins diminuent. « Nos employés cégépiens, sur qui on se fie beaucoup en été, quittent au début du mois d’août et on se retrouve avec des gros problèmes de main-d’oeuvre », indique-t-elle.
« Je n’avais pas le choix si je voulais donner des congés à mon personnel actuel » — Michel Moreau, propriétaire de La Tyrolienne.