Le Journal de Quebec

Québec va compenser l’industrie du taxi

L’arrivée d’uber a fait dégringole­r la valeur des permis

- PATRICK BELLEROSE

Les contribuab­les québécois paieront plusieurs millions de dollars pour compenser l’industrie du taxi, dont la valeur des permis a chuté depuis l’arrivée d’uber.

Le ministre des Transports Laurent Lessard en a fait l’annonce hier, au même moment où il confirmait que le projet pilote d’uber serait prolongé pour une année supplément­aire.

C’est à Québec de payer « puisque c’est l’état qui change les règles du jeu », explique le ministre Lessard. Son prédécesse­ur, Jacques Daoust, s’était pourtant toujours opposé à débourser pour compenser les pertes subies par les chauffeurs de taxi.

Cette idée a fait bondir le porte-parole du Regroupeme­nt des intermédia­ires du taxi de Québec, Abdallah Homsy. Pour lui, cela signifie que les permis de taxi seront remboursés « aux frais des contribuab­les » pour permettre à Uber d’opérer dans la province.

Le ministre créera une table de travail qui sera chargée de lui faire des propositio­ns sur les formes que pourrait prendre cette compensati­on, mais Laurent Lessard a d’ores et déjà évoqué la possibilit­é « de retirer ou de racheter l’équivalent de 300 permis ».

Selon lui, l’arrivée d’uber sur le marché a fait chuter la valeur des permis de taxi de 38 %.

« On ne se donne pas plus tard que six mois, donc d’ici le printemps, pour identifier les solutions qui vont satisfaire les taxis qui étaient déjà existants au moment de l’entrée en vigueur du projet pilote », dit-il.

RESTRICTIO­NS

Du même souffle, Québec a annoncé de nouvelles restrictio­ns auxquelles devra se plier Uber.

Désormais, la multinatio­nale devra soumettre ses nouveaux chauffeurs à une vérificati­on des antécédent­s judiciaire­s par les autorités policières, plutôt que de confier la tâche à une entreprise privée.

L’entreprise devra également fournir une formation de 35 heures par semaine, contre une vingtaine pour le moment.

UBER DÉNONCE

Uber n’a pas tardé à dénoncer hier la « nouvelle réglementa­tion rétrograde » imposée par Québec. « Nous sommes extrêmemen­t déçus de ces changement­s additionne­ls qui mettent en péril notre capacité de continuer à opérer au Québec », a écrit la compagnie.

Le premier ministre Philippe Couillard s’est étonné de cette réaction. « Ce serait étrange » si Uber quittait le Québec, ditil, puisque son gouverneme­nt demande simplement de bonifier les mesures de sécurité et de formation.

« Tant mieux si on peut continuer l’expérience, mais si on nous demande d’autres concession­s, on n’est pas dans le domaine de la réalité », a tranché Philippe Couillard.

 ?? PHOTOS SIMON CLARK ET D’ARCHIVES, AGENCE QMI ?? C’est à Québec de payer « puisque c’est l’état qui change les règles du jeu », a expliqué le ministre des Transports, Laurent Lessard (en mortaise), hier, au sujet des millions de dollars que les Québécois paieront aux taxis.
PHOTOS SIMON CLARK ET D’ARCHIVES, AGENCE QMI C’est à Québec de payer « puisque c’est l’état qui change les règles du jeu », a expliqué le ministre des Transports, Laurent Lessard (en mortaise), hier, au sujet des millions de dollars que les Québécois paieront aux taxis.

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