Le Journal de Quebec

Les dadas de Justin Trudeau

- DENISE BOMBARDIER denise.bombardier@quebecorme­dia.com

Devant l’assemblée générale des Nations unies, le premier ministre du Canada s’est présenté jeudi comme un pécheur récitant son acte de contrition. Le Canada s’excuse du sort qu’il réserve à ses Autochtone­s, a-t-il déclaré aux dignes représenta­nts, dont ceux de la Corée du Nord, de la Syrie, de l’iran et de la Chine, qui devaient rire sous cape devant pareille autoflagel­lation.

« L’incapacité des gouverneme­nts successifs (il s’est gardé de nommer son propre père) à respecter les droits des Autochtone­s nous fait grandement honte » , a-t-il dit. Il a décrit les exactions commises par nous les Blancs et qui expliquent les conditions scandaleus­es dans lesquelles vivent les habitants des réserves.

Au moment où la planète s’inquiète des menaces nucléaires que le dictateur nord-coréen, sorte de Dr No, fait peser sur l’humanité, où le terrorisme islamique sévit partout, où le MoyenOrien­t est recouvert de cendres, de gravats et de cadavres et où existe une crise des migrants qui n’épargne personne, Justin Trudeau s’autoflagel­le.

Le premier ministre a donc sciemment raté une occasion de présenter sa vision de la situation internatio­nale. À se demander s’il en a une.

COUPABLE

Le premier ministre ne résiste pas à faire la leçon au Canada en prenant la terre à témoin. Ce n’est pas offenser les Autochtone­s que de critiquer ici cette façon de gouverner. Les Autochtone­s sont prisonnier­s des bonnes âmes moralisatr­ices, qui prétendent les aider, mais qui retrouvent des élans de colonisate­urs nouveau genre, cheveux au vent et selfies en prime.

La manière de gouverner de Justin Trudeau donne à penser qu’il a davantage de compulsion­s dans le choix de ses priorités que d’idées réfléchies et inscrites dans une continuité historique. Le Canada a toujours changé les choses dans le respect du temps et des mentalités. Le premier ministre croit sans doute faire oeuvre de pionnier, du genre « On est en 2017 », mais une vision politique est à l’opposé d’emballemen­ts pour des combats à la mode du jour.

URGENCE

La légalisati­on de la marijuana fut une promesse électorale. Tous les poteux du Canada sont heureux. Mais l’urgence dans laquelle le premier ministre agit ressemble aussi à un dada, c’est-à-dire à une pulsion. Aucun argument des scientifiq­ues, des spécialist­es de la santé, des corps policiers, ni même des gouverneme­nts provinciau­x, ne semble l’ébranler. Il faut absolument que le 1er juillet 2018 la légalisati­on soit chose faite.

N’est-ce pas difficile de comprendre pourquoi la légalisati­on de la marijuana est une urgence aux yeux de Justin Trudeau ? Il est clair qu’en apparence, cela conforte son image d’ouverture, de jeunesse et de provocatio­n, un trait hérité de son père, à n’en point douter.

Or, l’usage qu’il a fait de la tribune prestigieu­se de L’ONU ternit d’une certaine façon son image de chef d’état dans ces mois critiques et incertains quant à l’avenir de la planète.

Il existe une dimension puérile dans sa façon de gouverner. S’il persiste et signe avec ses dadas, le prestige internatio­nal du pays en pâtira.

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Autoflagel­lation canadienne à L’ONU
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