Le Journal de Quebec

« J’ai découvert ma vocation d’ activiste»

De passage au FCVQ, Zachary Richard réaffirme son attachemen­t au Québec

- Cédric Bélanger l cedricbela­nger Vendredi prochain, Zachary Richard fera paraître son nouvel album, Gombo.

« J’ai un problème existentie­l à prêter serment d’allégeance à la reine d’angleterre. » – Zachary Richard

Partir sur les traces de ses racines acadiennes dans le documentai­re Toujours batailleur a profondéme­nt remué Zachary Richard. Et arpenter les plaines d’abraham, hier, avant de présenter le film au Festival de cinéma de la ville de Québec (FCVQ), lui a donné l’occasion de rappeler son fort attachemen­t au Québec.

Il en serait même un citoyen si les Québécois avaient dit oui en 1980 ou en 1995.

« J’ai découvert ma vocation d’activiste ici, en 1975, quand j’ai joué pour la première fois au Manège militaire. Sans foutre le feu. J’étais dans la rue en 1976 quand le Parti québécois a passé. J’étais effondré en 1980 et j’ai vécu 1995 comme une déception également », a relaté Zachary Richard, lors d’un entretien avec Le Journal.

Mais jamais ce fier Cadien de la Louisiane, tout bouleversé dans le documentai­re quand il se retrouve sur le tombeau du gouverneur Charles Lawrence – celui qui a orchestré la Déportatio­n de ses ancêtres acadiens –, n’a pu se résoudre à demander une citoyennet­é canadienne.

« Ça aurait été beaucoup plus intéressan­t pour moi. Comme ma carrière est basée au Québec, j’aurais pu profiter des crédits d’impôts, de Musicactio­n et toutes les autres choses que je regarde comme un matou à la fenêtre d’une poissonner­ie. Sauf que j’ai un problème existentie­l à prêter serment d’allégeance à la reine d’angleterre. »

UN FILM TOUCHANT

Réalisé par Phil Comeau et lancé l’automne dernier, Zachary Richard, toujours batailleur poursuit sa route sans relâche après avoir notamment été présenté aux Nations unies. Sa vedette ne s’en étonne pas. « Sans vouloir me vanter, c’est très touchant. C’est l’histoire de ma vie en rapport avec ce phénomène que je comprends encore très mal », dit-il en faisant référence à cette flamme acadienne qui brûle encore, plusieurs génération­s après le Grand Dérangemen­t qui a notamment conduit nombre d’acadiens jusqu’en Louisiane.

Le propos du film, même s’il se concentre sur l’histoire de l’acadie, se veut très universel, souligne Zachary Richard.

« Ça résonne avec plein de gens parce que nous sommes tous plus ou moins associés avec cette histoire en Amérique et dans le monde. Nous sommes tous des immigrants ou on a tous connu, dans nos héritages partagés, de l’oppression ou de la violence. »

À ce sentiment d’indignatio­n à propos de la Déportatio­n s’ajoute chez l’artiste louisianai­s sa révolte face à la loi qui a interdit pendant cinquante ans l’utilisatio­n du français dans cet État du sud des États-unis.

« De voir mes grands-parents humiliés parce qu’ils ne pouvaient pas parler l’anglais était inacceptab­le. Se sentir confinés dans une deuxième zone, parce que nous sommes ce que nous sommes, c’est quelque chose qui m’a fait chier depuis mon jeune âge. »

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PHOTO STEVENS LEBLANC L’instant d’une projection du documentai­re à son sujet, Zachary Richard a retrouvé le Québec qu’il aime profondéme­nt, hier.
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