LUMIÈRE SUR LE PONT DE QUÉBEC
Un siècle après son ouverture, bien des yeux seront rivés sur le pont de Québec, une occasion en or pour faire cheminer le sempiternel dossier de la peinture et ainsi freiner la progression de la rouille sur cette figure emblématique de la région.
Devant l’ampleur du projet, au début du siècle dernier, les constructeurs du pont de Québec affirmaient qu’une fois terminé, ce pont pourrait être qualifié de huitième merveille du monde. Comme l’évoque Michel L’HÉbreux, dans son superbe ouvrage sur l’histoire du pont, cette expression fut maintes fois reprise, depuis, pour désigner le caractère exceptionnel de l’infrastructure.
Désigné par le premier ministre Wilfrid Laurier à l’époque comme « la grande oeuvre de la Confédération », le pont de Québec a aussi été nommé Monument historique international du génie civil, en 1987. Il est également devenu Lieu historique national en 1996. Il demeure l’un des ponts les connus dans le monde.
Il m’est souvent arrivé de me demander ce que penseraient nos prédécesseurs de l’époque de l’état dans lequel l’infrastructure se trouve 100 ans plus tard. Témoins des multiples étapes de la construction du pont, mais aussi des différentes tragédies ayant marqué son histoire, ils seraient à coup sûr choqués et déçus de voir qu’un tel monument se détériore impunément.
Cet état de fait est d’autant plus incompréhensible qu’une grande majorité de gens tiennent à leur pont et souhaitent le voir préservé, comme le démontrait un sondage Léger commandé par la Chambre de commerce de Québec au printemps.
NÉGLIGENCES MULTIPLES
Pour la petite histoire, que relate M. L’hébreux dans son livre, en 1993, le pont et des terrains évalués à 104 M$ à l’époque furent cédés en secret par le fédéral au Canadien National (CN), pour la somme de 1 $. Nous sommes alors tout au début du gouvernement conservateur de Kim Campbell. Le CN gérait et entretenait le pont depuis 1923.
Or déjà, il appert que les fonds investis sont insuffisants depuis des années. Il en résulte une dégradation de l’état du pont, qui aurait notamment besoin d’être repeint. Le CN ne tarde pas à invoquer des moyens financiers limités pour remédier à la situation.
Plusieurs pourparlers dans le but de trouver une solution avortent entre le CN et les gouvernements fédéral et provincial. Il est même question, en 1994, que le CN cède l’infrastructure au gouvernement du Québec.
Cette même année, un rapport d’inspection du pont démontre que des amincissements considérables du métal sont visibles sur certaines parties. Souhaitant un règlement entre les parties, Jacques Jobin, qui était à ce moment chef de l’opposition à la Ville de Québec et porte-parole pour la Coalition pour la sauvegarde du pont, trace alors un constat toujours aussi valable aujourd’hui.
M. Jobin, qui a depuis repris du service dans le dossier grâce à la