DES DRAMES EFFROYABLES
Quand le pont de Québec s’est écroulé en 1907, des centaines de vies ont basculé avec la perte d’un mari, d’un père, d’un frère ou d’un fils.
Le décès en 1907 de John Edward Johnson a marqué à vie la famille Johnson. Encore aujourd’hui, Elizabeth Oldfield en parle avec émotion. John Edward était son arrière-grandpère. À 32 ans, il était installé à New Liverpool (Saint-romuald) avec ses deux enfants, Eddie et Catharine, et sa femme, Mary Elizabeth, qui était enceinte. Il était riveteur sur le pont de Québec.
« Ils étaient en amour et ils avaient leurs deux enfants. Mon arrièregrand-mère était heureuse », relate au téléphone la dame qui habite aujourd’hui à Buffalo. Quelques semaines avant le drame, Mary Elizabeth avait d’ailleurs écrit au journal syndical The Bridgeman Magazine pour raconter sa vie au Québec. « Nous vivons dans un bel endroit au bord du fleuve et le travail va bien, alors nous nous en sortons très bien. Je n’ai jamais rencontré de gens aussi gentils », relatait-elle.
Mais le 31 août, alors qu’elle s’apprêtait à pique-niquer aux abords du pont et qu’elle attendait avec ses enfants que son mari termine son quart de travail, elle a assisté à l’effondrement de la structure. John Edward est resté prisonnier du fleuve.
Privée de moyens de subsistance et loin de sa famille, Mary Elizabeth a été prise en charge avec ses enfants pendant quelque temps par la communauté de Kahnawake, d’où provenaient 33 ouvriers autochtones aussi décédés ( voir autre texte). Le petit Eddie est mort un an et demi plus tard de la scarlatine. Quelques années plus tard, Catharine a été emportée par la diphtérie. Seul le bébé, Mary Alma, qui est née sans avoir connu son père, a survécu, raconte Mme Oldfield, qui est sa petite-fille.
« Le corps de mon arrière-grandpère n’a jamais été retrouvé. Mon arrière-grand-mère est morte dans les années 1930 et elle n’a jamais pu ramener son mari à la maison. »