LE PONT INSOLITE
Un nazi dans les caissons
Le pont de Québec a vu passer des personnages illustres ou controversés. L’un des plus étonnants est Joachim von Ribbentrop. En 1910, à l’âge de 18 ans, cet aristocrate allemand est arrivé au Canada avec son frère Lothar. Il a travaillé brièvement à la construction du pont de Québec, en 1912, alors qu’il était assigné à la réalisation de la voie ferrée. Il a aussi travaillé dans les caissons du pont. Mais ce n’est que des années plus tard qu’il deviendra tristement célèbre. Après son retour en Allemagne, il s’est rapproché du parti nazi, dont il est devenu membre. En 1938, il est choisi par Hitler pour occuper le poste de ministre des Affaires étrangères du IIIE Reich.
Les cochons de sable
Ils étaient les ouvriers les mieux payés sur le chantier du pont, à 1 $ de l’heure, mais leur travail comportait de graves risques. Ceux qu’on appelait les cochons de sable travaillaient au fond des caissons qui ont été utilisés pour construire les piliers du pont de Québec. Leur travail consistait à évacuer la boue du lit du fleuve pour que les piliers s’appuient sur le roc, d’où leur surnom. Afin de garder l’eau à l’extérieur des caissons, on y injectait de l’air comprimé et les ouvriers devaient donc travailler en subissant une forte pression d’air. Il n’était pas rare qu’ils en ressortent avec des saignements aux yeux et aux oreilles. Pris de terribles crampes, plusieurs en sont même morts. « D’autres sont invalides ou l’ont été pendant des années. Quelques-uns deviennent fous », rapportait un de ces ouvriers, Octave Ouellet.