La tension monte
BARCELONE | Ada Colau, la mairesse de Barcelone, demande à l’union européenne (UE) d’agir en médiateur. C’est évidemment trop tard.
Hier, deux Catalanes très âgées me demandaient : qu’est-ce que l’union européenne attend pour intervenir ?
Trois jours auparavant, à Madrid, deux autres dames âgées m’avaient posé la même question.
Première observation : mon pouvoir de séduction ne semble plus opérer qu’auprès des dames mûres.
Deuxième observation : ces deux duos féminins réclamaient l’intervention de L’UE… pour des raisons diamétralement opposées.
Les dames de Barcelone voulaient que L’UE freine l’« autoritarisme » et la « répression » de Madrid.
Celles de Madrid voulaient que L’UE stoppe le « sécessionnisme hors-laloi » de Barcelone.
IMPUISSANTE
Toutes ces gentilles dames ne comprennent pas que L’UE ne peut violer la souveraineté nationale des États tant que ceux-ci n’enfreignent pas les lois, même si ces lois ont la subtilité d’une enclume.
Bruxelles est à la fois impuissante et extrêmement nerveuse.
Les pays européens abondent en minorités culturelles : et si l’exemple catalan donnait des idées tant aux nationalismes minoritaires qu’à ceux qui veulent les stopper par tous les moyens ?
Et si le sang coulait dans un des pays majeurs de ce club européen habitué à sermonner le monde entier sur ses valeurs ?
Le président de L’UE, Jean-claude Juncker, a déclaré : « Si un “oui” à l’indépendance de la Catalogne voyait le jour, nous respecterions ce choix. »
C’était à l’époque où l’on pensait qu’un référendum dans des conditions normales serait tenu.
Pourtant, quelques secondes avant, il avait déclaré : « Nous avons toujours dit qu’en la matière, nous allions suivre, en les respectant, les arrêts de la Cour constitutionnelle espagnole et du Parlement espagnol. »
Question : comment reconnaître un résultat issu d’un processus déclaré illégal par une instance que vous dites suivre ?
Tout cela survient alors que le pauvre M. Juncker n’a plus de place sur son bureau pour tous les dossiers qui ont des allures de crise.
Comme un boxeur qui subit un violent K.O., L’UE commence à peine à reprendre ses esprits après le Brexit.
Il faudra mettre en place un contrôle frontalier entre l’irlande du Nord et la république d’irlande.
La Turquie frappe à la porte depuis des années pour se joindre à L’UE.
EMPRISONNEMENTS
Depuis le coup d’état avorté de juillet 2016, le président Erdogan emprisonne des opposants à tour de bras.
Admettre dans le club européen un pays plus asiatique qu’européen, dont le régime est de plus en plus islamiste et despotique ? Hmm…
Pour relâcher la pression sur la Grèce et l’italie, on veut répartir 160 000 migrants dans divers pays.
À peine 50 000 ont été relocalisés. Les pays européens voient bien que beaucoup ne sont pas d’authentiques réfugiés.
L’UE n’avait certainement pas besoin de la déstabilisation d’une Espagne qui est son 5e pays le plus peuplé.
Dépassées par les événements, les institutions européennes sont dirigées par des technocrates déconnectés qui regardent de haut le sentiment national ; on comprend pourquoi de Gaulle les qualifiait de « machin ».