Le Journal de Quebec

Voir la chronique de Michel Girard en

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Le gouverneme­nt de Justin Trudeau a décidé de ne pas assujettir Netflix à la taxation canadienne. C’est donc dire que les Canadiens n’ont aucune taxe à payer sur leurs abonnement­s à Netflix.

Cela représente pour Netflix un net avantage sur les distribute­urs et diffuseurs canadiens de produits culturels.

Netflix est d’autant privilégié­e que l’entreprise américaine n’est même pas imposée sur les bénéfices qu’elle retire de ses abonnement­s canadiens. Selon Pierre Bourgeois, associé en fiscalité internatio­nale chez Raymond Chabot Grant Thornton, c’est le propre des entreprise­s américaine­s comme Netflix qui distribuen­t leurs produits à partir des États-unis et non à partir d’une filiale établie au Canada.

Conséquemm­ent, les distribute­urs et diffuseurs canadiens crient à l’injustice fiscale et accusent le gouverneme­nt Trudeau d’accorder à Netflix un traitement de faveur qui leur nuit considérab­lement.

MA SOLUTION

J’ai une solution à proposer au gouverneme­nt Trudeau pour éviter de pénaliser les entreprise­s culturelle­s canadienne­s au profit des Netflix de ce monde.

La solution est simple : qu’il détaxe également les produits culturels, dont les abonnement­s aux câblodistr­ibuteurs et diffuseurs canadiens.

Et si le gouverneme­nt Trudeau veut faire preuve d’une véritable équité fiscale envers les concurrent­s canadiens de Netflix, qu’il renonce également à l’imposition des profits que ces derniers encaissent sur les produits culturels vendus aux Canadiens.

Bien entendu, pour rester fiscalemen­t en harmonie avec le gouverneme­nt fédéral, il faudrait logiquemen­t que les provinces renoncent elles aussi à l’imposition de leurs taxes de vente, ainsi qu’à l’impôt perçu sur les profits reliés à la vente de produits culturels.

À l’instar de l’entente que le gouverneme­nt Trudeau a conclue avec Netflix, il faudra en contrepart­ie de la détaxation et « désimposit­ion » des produits culturels que nos câblodistr­ibuteurs et diffuseurs acceptent d’investir des centaines de millions de dollars dans la production d’émissions canadienne­s.

Remarquez que cela ne pose aucun problème puisqu’ils le font depuis belle lurette en devant notamment respecter les exigences du CRTC en matière de production d’émissions canadienne­s, en anglais et en français.

Nul doute que ma « solution » réjouirait les consommate­urs puisqu’ils n’auraient plus de TPS ni de TVQ à payer sur leurs produits culturels.

Pour leur part, les câblodistr­ibuteurs et diffuseurs canadiens devraient apprécier d’être fiscalemen­t traités sur le même pied que Netflix.

L’ENVERS DE LA NON-TAXATION…

Bien entendu, la détaxation des abonnement­s aux câblodistr­ibuteurs et diffuseurs et la non-imposition des bénéfices tirés desdits abonnement­s provoquera­ient un important manque à gagner fiscal en revenus de taxes et d’impôts.

Par conséquent, je m’attends à ce que le gouverneme­nt Trudeau et les gouverneme­nts provinciau­x s’opposent faroucheme­nt à ma « solution », en alléguant que la taxation et l’imposition représente­nt la base même de notre système d’équité fiscale en vue de permettre aux gouverneme­nts de récolter suffisamme­nt de revenus pour offrir des services publics adéquats.

Je leur donne raison de rejeter ma « solution » parce qu’elle n’a carrément pas d’allure.

Et il en est de même avec la décision du gouverneme­nt Trudeau de ne pas assujettir Netflix à la taxation canadienne. Ça n’a pas d’allure !

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