Dur métier
Je ne résiste pas à répondre aux nombreux lecteurs à qui le sens de ma chronique d’hier, « Au pays du nazisme », a échappé.
On me prête des intentions à l’opposé de ma pensée. Je ne dis pas que l’extrême droite est indissociable du nazisme. J’affirme qu’en Allemagne, les supporters de l’extrême droite sont les héritiers du nazisme. Comme l’extrême droite française de Jean-marie Le Pen s’inspirait des fascistes qui ont collaboré sous l’occupation nazie.
Un Allemand d’extrême droite qui proclame sa haine des immigrants et entretient la nostalgie d’hitler et de ses sbires s’inscrit dans une continuité historique horrible. Lorsque Le Pen père affirmait que les chambres à gaz des nazis étaient un « détail » de l’histoire, il annonçait la couleur de son parti, le Front national, un parti antisémite, raciste et fasciste. Sa fille Marine a rompu avec son père et l’a même expulsé du parti qu’il avait fondé. Elle dirige donc un parti d’extrême droite sur l’échiquier politique français, mais son opposition face à l’immigration ne la classe pas dans l’idéologie paternelle.
Ne pas contextualiser les phénomènes politiques nous plonge dans la confusion.
FLÉAU
Ne pas contextualiser les phénomènes politiques nous plonge dans une confusion et accentue la désinformation, ce fléau de l’époque actuelle. La Meute, au Québec, est étiquetée d’extrême droite par les médias, mais à ce jour sa vision politique se limite à des déclarations contre l’immigration et contre les musulmans amalgamés trop souvent aux islamistes.
Les gens qui en toute bonne foi s’interrogent sur la manière dont nos dirigeants abordent le phénomène de l’immigration depuis l’arrivée fort médiatisée de réfugiés ne sont pas obligatoirement islamophobes ou xénophobes.
Malheureusement, le multiculturalisme triomphant à la Justin Trudeau avec ses propos émotifs du genre « Les réfugiés sont les bienvenus au Canada » et l’accusation intempestive de Philippe Couillard à l’endroit de François Legault selon laquelle celui-ci soufflait sur les braises de l’intolérance avec ses déclarations gauches – par manque de vocabulaire sans doute – sur les immigrants entravent les positions des uns et des autres.
Critiquer l’islam et l’islamisme n’est pas de l’islamophobie. Exprimer des réserves sur le nombre d’immigrants à accueillir, se préoccuper des obstacles à l’intégration des nouveaux Québécois, cela ne fait pas des Québécois des xénophobes.
NUANCER
Cependant, étiqueter des Québécois inquiets de leur avenir collectif de racistes et d’intolérants et les classer à droite ou, pire, à l’extrême droite est une faute et une attaque à l’intelligence. C’est aussi le refus des nuances sans lesquelles aucune vérité ne peut être affirmée.
La guerre des mots est au coeur de nos sociétés en quête de sens. Quiconque contrôle les mots possède un pouvoir. Ceux qui n’en ont pas une connaissance suffisante risquent d’être aveuglés. Ils deviennent victimes des forts en gueule et des idéologues de tous bords.
Les mots utilisés à bon escient sont l’expression du respect des autres. C’est l’oeuvre d’une vie pour un journaliste respectueux de son public et qui croit que la parole franche élève le débat. C’est ajouter au malheur du monde que de mal nommer les choses, écrivait Albert Camus.