Les yeux vers Louis-hébert
Toute politique est locale, dit-on aux États-unis. Ainsi, les yeux de tout le Québec qui suit l’actualité seront tournés vers la circonscription de Louis-hébert, lundi soir.
Dans les banlieues cossues de Sainte-Foy, Cap-rouge et Saint-augustin se joue un match qui pourrait bien servir d’avant-goût aux séries de fin de saison que constitueront les prochaines élections générales.
La Coalition Avenir Québec peut-elle déloger le Parti libéral du pouvoir ? Pour y arriver, elle devra le battre dans la région de la capitale nationale. Ça passe par des circonscriptions comme Louis-hébert.
INCOMPÉTENCE STRATÉGIQUE
Cette partielle a suscité un intérêt hors norme sur la scène nationale. Et pour cause : jamais n’avait-on vu deux candidats se désister à quelques heures d’intervalle.
La CAQ a presque réussi à faire oublier qu’elle avait participé à ce vaudeville. Pour le Parti libéral, ça a été beaucoup plus compliqué.
Alors que l’économie et les finances publiques du Québec vont bien, l’événement a souligné la capacité quasi surnaturelle de Philippe Couillard et de son entourage à « s’autopeluredebananiser ». L’introduction d’une candidate au profil intéressant, mais fortement associée à Sam Hamad, a rappelé la raison initiale de cette partielle, c’est-à-dire l’incompétence stratégique de l’équipe en place.
BOUFFÉE D’AIR FRAIS
Du côté de la CAQ, on joue de prudence et on se garde de pavoiser. Une élection partielle, c’est censé être une épreuve pour le gouvernement. On ne veut pas en faire un test pour soi-même.
La candidate Geneviève Guilbault a apporté une bouffée d’air frais dans cette campagne. Certains auraient critiqué son souhait de mettre au monde un enfant puis de prendre un congé de maternité pendant son court mandat d’un an. Il aurait plutôt fallu saluer l’engagement courageux d’une femme qui a assurément sa place à l’assemblée nationale.
Croyant avoir affaire à une forteresse libérale où l’électorat est âgé, la CAQ se surprend à avoir des espoirs pour lundi, mais se gardera bien de le dire à voix haute.
BATAILLE POUR LA QUATRIÈME PLACE ?
Illustration de son déclin, le Parti québécois a des attentes très modestes dans cette circonscription. S’il fait mieux qu’en 2014, soit 18,37 %, Jean-françois Lisée pourra continuer de dire que le score de son parti a progressé dans toutes les partielles tenues depuis.
Ce n’est pas gagné, toutefois. Certaines mauvaises langues susurrent même que Québec solidaire pourrait lui ravir la troisième place, dans ce comté comptant beaucoup d’électeurs universitaires. Si ça se produit, le retour en chambre sera pénible pour l’opposition officielle.
Beaucoup d’observateurs s’attendent à une victoire assez forte de la CAQ, tant la campagne libérale s’est mal passée. Elle fut ponctuée d’engagements ratés, notamment concernant la circulation routière et le déménagement d’une usine polluante dans un quartier résidentiel.
À la fin, étrangement, la pression se retrouve donc sur François Legault. Alors qu’il connaît un début de session difficile, plusieurs s’interrogent sur sa capacité à gagner. Une défaite rendrait la question encore plus tranchante.