Le Journal de Quebec

Les États-unis vident leur ambassade à Cuba

Jusqu’à présent, 21 diplomates ont été exposés à d’étranges attaques acoustique­s

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WASHINGTON | (AFP) Le mystère des « attaques » contre la santé de diplomates américains et canadiens à Cuba n’est toujours pas élucidé, mais les États-unis ont rappelé, hier, « plus de la moitié » du personnel de leur ambassade, au risque de fragiliser encore plus leurs relations avec La Havane.

Parmi les autres mesures annoncées par le départemen­t d’état, trois jours après une rencontre à Washington entre les chefs de la diplomatie américaine et cubaine, Rex Tillerson et Bruno Rodriguez : l’octroi de visas de routine américains à Cuba est « suspendu pour une durée indétermin­ée » et les voyages sur place de responsabl­es gouverneme­ntaux américains seront limités, pour l’instant, aux nécessités de l’enquête sur cette troublante affaire.

ÉVITER L’ÎLE

Les États-unis ont aussi appelé leurs ressortiss­ants à éviter de se rendre sur cette l’île communiste en raison des risques liés à ces « attaques », qui ont jusqu’ici touché 21 employés de l’ambassade dans des résidences diplomatiq­ues américaine­s, mais aussi dans des « hôtels fréquentés par des citoyens américains ».

Au moins cinq diplomates canadiens et leur famille en ont également été victimes, d’après la télévision CBC

« Tant que le gouverneme­nt cubain ne pourra pas assurer la sécurité de nos diplomates à Cuba, notre ambassade sera limitée au personnel indispensa­ble afin de minimiser le nombre de diplomates exposés » à d’éventuelle­s futures « attaques », a expliqué M. Tillerson.

MYSTÈRE

Preuve que l’énigme est loin d’être résolue, l’embarras est flagrant lorsqu’il s’agit de qualifier ces « attaques ». Le départemen­t d’état parlait jusque-là d’« incidents » ayant provoqué plusieurs « symptômes » sans préciser lesquels, et M. Tillerson avait évoqué une fois des « attaques contre l’intégrité physique » des diplomates.

L’idée d’« attaques acoustique­s » ou par « harcèlemen­t acoustique », utilisée notamment par un syndicat de la diplomatie américaine, n’a pas été confirmée officielle­ment et l’administra­tion amé- ricaine s’en est tenue, hier, à dénoncer des « attaques précises », « ciblées », mais d’« une nature inconnue ».

« Ces employés ont subi des lésions importante­s en raison de ces attaques », notamment des pertes d’audition, des vertiges, des maux de tête ainsi que des problèmes cognitifs, d’équilibre ou de sommeil, a souligné un haut responsabl­e du départemen­t d’état. Certains ont dû être rapatriés pour être soignés aux États-unis.

L’enquête n’a toutefois pas encore permis d’identifier la cause ni les auteurs de ces « attaques » et va se poursuivre « de manière dynamique », a promis M. Tillerson.

RÉACTION DE LA HAVANE

Le secrétaire d’état n’est donc pas allé jusqu’à fermer l’ambassade — une des options qu’il avait dit étudier — et a pris soin de confirmer le maintien des relations diplomatiq­ues avec Cuba, présentant le rappel des diplomates comme une mesure préventive pour les protéger.

De son côté, le gouverneme­nt cubain a affirmé hier que la décision de Washington est « précipitée » et qu’elle « va nuire aux relations » entre les deux pays.

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PHOTO AFP Seulement le personnel jugé indispensa­ble restera en poste à l’ambassade américaine de La Havane, à Cuba.

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