Le Journal de Quebec

« Cauchemar humanitair­e » dans les camps de réfugiés

La situation des Rohingyas au Bangladesh dénoncée

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COX’S BAZAR | (AFP) Au moins 60 Rohingyas de Birmanie tentant de rejoindre le demi-million de réfugiés au Bangladesh voisin sont morts ou disparus en mer, a annoncé hier L’ONU, qui dénonce un « cauchemar humanitair­e » dans ce qui est devenu un des plus grands camps de réfugiés au monde.

« Ma femme et mes deux fils ont survécu. Mais j’ai perdu mes trois filles », explique entre deux pleurs Shona Miah, Rohingya de 32 ans qui espérait mettre sa famille à l’abri des violences qui ont débuté il y a un mois entre l’armée birmane et des rebelles musulmans rohingyas.

Au fur et à fur qu’ils sont découverts, les corps des naufragés sont rassemblés dans une école non loin de la plage à Cox’s Bazar. Ils sont posés à même le sol au milieu de leurs proches venus les identifier.

TRAGIQUE NAUFRAGE

Vingt-trois cadavres ont été découverts et 40 passagers sont portés disparus et « présumés noyés », a annoncé hier l’organisati­on internatio­nale pour les migrations (OIM) depuis Genève, faisant passer le bilan de 19 à plus de 60. Selon L’OIM, il y avait 50 enfants à bord. Ce drame rappelle que les Rohingyas, une minorité apatride d’un million de personnes installée en Birmanie, continuent d’affluer vers le Bangladesh, malgré les assurances de la Birmanie que les violences ont cessé et que de nombreux villages musulmans n’ont pas été incendiés.

AUTORITÉS DÉBORDÉES

D’ici à ce retour qui reste pour l’heure très hypothétiq­ue, dans les camps côté Bangladesh, autorités et ONG sont débordées par la marée humaine. La police bangladais­e a annoncé hier avoir empêché plus de 20 000 Rohingyas de franchir la frontière.

Et la Fédération internatio­nale des Sociétés de la Croix-rouge a dénoncé hier des risques sanitaires et d’épidémies, avec déjà des milliers de cas de diarrhées aiguës liées à des conditions d’hygiène désastreus­es.

« Nos cliniques mobiles traitent de plus en plus de gens, surtout des enfants, qui souffrent de diarrhées terribles », a déclaré Mozharul Huq, secrétaire général du Croissant rouge du Bangladesh.

La Croix-rouge internatio­nale évoque, dans certains camps, la présence d’une seule toilette pour plusieurs centaines de personnes, avec pour conséquenc­es des excréments s’accumulant un peu partout.

L’organisme estime les besoins en eau dans ces camps de fortune à 3,6 millions de litres par jour.

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PHOTO AFP Des Rohingyas, dont plusieurs femmes et enfants, attendent dans un camion avant d’être transporté­s vers un camp de réfugiés de l’autre côté de la frontière birmane.

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