« C’est son choc posttraumatique qui l’a tué »
Ils interpellent l’armée dans l’avis de décès de leur fils
Convaincus que leur fils n’a pas eu l’aide nécessaire pour guérir de ses blessures de guerre, les parents d’un militaire ont interpellé l’armée dans son avis de décès.
Le militaire « Léo Bertrand a perdu sa bataille contre le syndrome de stress post-traumatique le 20 août 2017 ; il avait 33 ans », pouvait-on lire dans sa notice nécrologique.
« C’est son choc post-traumatique qui l’a tué », est convaincu son père Jacques Bertrand.
Déployé à deux reprises en Afghanistan en 2006 et 2008, l’état de Léo s’est détérioré tranquillement après sa dernière mission en Afghanistan. « Il avait de la misère à dormir, il regardait en dessous de son lit, le matin, puis il a commencé à consommer de l’alcool et des drogues à l’extrême », raconte son père.
« SIGNE DE FAIBLESSE »
Si le militaire disait ouvertement à ses parents que son état se dégradait, il refusait systématiquement d’en parler à sa chaîne de commandement. « Il disait que c’était un signe de faiblesse, il pensait que ça ne serait pas bon pour sa carrière de militaire et pas bien vu devant ses amis », raconte son père.
C’est finalement après une tentative de suicide, en 2014, que l’armée a pris en charge le militaire en le plaçant dans une unité spéciale pour six mois, dans la province de Québec.
DESCENTE AUX ENFERS
Ce traitement, survenu trop tard, n’aura finalement pas arrêté la descente du militaire. Léo a même avoué avoir joué à la roulette russe. La rencontre d’une nouvelle conjointe l’a ensuite entraîné dans la consommation de drogues dures.
« Là, il est descendu vraiment rapidement », raconte son père. Le militaire a ensuite été arrêté à deux reprises pour conduite avec les facultés affaiblies, ce qui lui a valu son expulsion de l’armée, le 12 juin dernier, et quatre mois de prison.
« On est allé le chercher à la prison le 19 août, et moins de 24 h après, il était mort. C’est une surdose de drogue », explique avec lucidité le père.
M. Bertrand veut donc lancer un message à l’armée pour qu’elle change sa mentalité envers ses militaires malades. « C’est une attitude. Si tu te plains, ils vont te sortir de l’armée ».
« La peur de se faire sortir de l’armée a retardé de plusieurs années son appel à l’aide. Et quand il l’a fait, il était trop tard », lance M. Bertrand en répétant que le trouble de stress post-traumatique coûte des vies.