Le Journal de Quebec

« C’est son choc posttrauma­tique qui l’a tué »

Ils interpelle­nt l’armée dans l’avis de décès de leur fils

- NICOLAS SAILLANT

Convaincus que leur fils n’a pas eu l’aide nécessaire pour guérir de ses blessures de guerre, les parents d’un militaire ont interpellé l’armée dans son avis de décès.

Le militaire « Léo Bertrand a perdu sa bataille contre le syndrome de stress post-traumatiqu­e le 20 août 2017 ; il avait 33 ans », pouvait-on lire dans sa notice nécrologiq­ue.

« C’est son choc post-traumatiqu­e qui l’a tué », est convaincu son père Jacques Bertrand.

Déployé à deux reprises en Afghanista­n en 2006 et 2008, l’état de Léo s’est détérioré tranquille­ment après sa dernière mission en Afghanista­n. « Il avait de la misère à dormir, il regardait en dessous de son lit, le matin, puis il a commencé à consommer de l’alcool et des drogues à l’extrême », raconte son père.

« SIGNE DE FAIBLESSE »

Si le militaire disait ouvertemen­t à ses parents que son état se dégradait, il refusait systématiq­uement d’en parler à sa chaîne de commandeme­nt. « Il disait que c’était un signe de faiblesse, il pensait que ça ne serait pas bon pour sa carrière de militaire et pas bien vu devant ses amis », raconte son père.

C’est finalement après une tentative de suicide, en 2014, que l’armée a pris en charge le militaire en le plaçant dans une unité spéciale pour six mois, dans la province de Québec.

DESCENTE AUX ENFERS

Ce traitement, survenu trop tard, n’aura finalement pas arrêté la descente du militaire. Léo a même avoué avoir joué à la roulette russe. La rencontre d’une nouvelle conjointe l’a ensuite entraîné dans la consommati­on de drogues dures.

« Là, il est descendu vraiment rapidement », raconte son père. Le militaire a ensuite été arrêté à deux reprises pour conduite avec les facultés affaiblies, ce qui lui a valu son expulsion de l’armée, le 12 juin dernier, et quatre mois de prison.

« On est allé le chercher à la prison le 19 août, et moins de 24 h après, il était mort. C’est une surdose de drogue », explique avec lucidité le père.

M. Bertrand veut donc lancer un message à l’armée pour qu’elle change sa mentalité envers ses militaires malades. « C’est une attitude. Si tu te plains, ils vont te sortir de l’armée ».

« La peur de se faire sortir de l’armée a retardé de plusieurs années son appel à l’aide. Et quand il l’a fait, il était trop tard », lance M. Bertrand en répétant que le trouble de stress post-traumatiqu­e coûte des vies.

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PHOTO COURTOISIE Jacques Bertrand (à gauche sur la photo) est convaincu que la mort de son fils Léo (à droite) est due à un mauvais traitement de son choc post-traumatiqu­e.

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