Le Journal de Quebec

La fin d’un harceleur sexuel

- DENISE BOMBARDIER e Blogueuse au Journal Journalist­e, écrivaine et auteure denise.bombardier @quebecorme­dia.com

Nombre de harceleurs sexuels devraient savoir que tous risquent de gâcher leur avenir. Parmi les femmes victimes de ces derniers, quelques-unes pourraient un jour les dénoncer, créant ainsi un effet domino aux conséquenc­es prévisible­s.

Le dernier exemple connu d’un harceleur célèbre est le puissant producteur hollywoodi­en Harvey Weinstein, qui vient de connaître la pire semaine de sa vie de magnat du cinéma mondial. En effet, jeudi dernier, le New York Times, un des journaux les plus sérieux et réputés au monde, a publié une enquête qui démolit la réputation de Weinstein.

Plusieurs victimes du producteur des 30 dernières années, dont les actrices Ashley Judd et Rose Mcgowan, ont enfin brisé le silence. Mais cette dernière aurait reçu récemment 100 000 $ « pour éviter un procès et acheter la paix », selon l’enquête du quotidien.

EXEMPLES MÉDIATISÉS

Au cours des dernières années, le célèbre journal, qui mène la lutte contre Trump et le parti républicai­n, a certaineme­nt pris plaisir à révéler les scandales sexuels impliquant Roger Ailes et Bill O’reilly, de Fox News, le premier ayant été fondateur et ancien président de la chaîne, l’autre son animateur-vedette. Tous les deux, reconnus coupables, ont été congédiés.

Or, Harvey Weinstein est un militant démocrate de longue date. D’ailleurs, Hillary Clinton, qui a reçu des milliers de dollars de Weinstein pour sa campagne électorale, a annoncé qu’elle remettait cet argent à des oeuvres caritative­s. Le Times dénonce donc cette fois un allié politique.

Car les harceleurs se retrouvent à droite et à gauche du spectre politique. Ils sont d’autant plus actifs dans leur chasse aux femmes lorsqu’ils possèdent un pouvoir de vie ou de mort profession­nelles sur leurs victimes. Dans le cas de Weinstein, qui en menait large, les très jeunes actrices devaient comprendre qu’en lui résistant, c’était leur carrière qui pouvait être compromise.

Combien de femmes ont été placées dans ce dilemme ? Au Québec, qu’on se souvienne des victimes au quotidien de Marcel Aubut ou des jeunes skieuses sous l’emprise de l’entraîneur Bertrand Charest, condamné, lui, par les tribunaux en juillet dernier.

TROC INFÂME

Dans un monde parfait, les femmes refuseraie­nt ce troc, « je te donne mon corps, tu me donnes un job ». Bien sûr, les intentions de femmes qui subissent du harcèlemen­t ne sont pas toutes limpides. Mais les harceleurs sexuels, de nos jours, au Québec, une des sociétés les plus sensibilis­ées à ces questions, sévissent toujours. Dans tous les lieux de pouvoir, dans le monde merveilleu­x du show-business, des médias, dans les cabinets d’avocats, dans le sport, dans l’enseigneme­nt, dans les PME et, plus rarement désormais, en politique.

Les harceleurs de femmes ne devraient plus dormir sur leurs deux oreilles. Pour la plupart d’entre eux, c’est la seule punition qu’ils subiront. Cependant, les harceleurs sexuels toujours enfermés dans leur omnipotenc­e sont les plus à risque d’être dénoncés. Car la patience longue et silencieus­e des femmes a, elle aussi, ses limites. Harvey Weinstein vient de l’apprendre à ses dépens. Qui sera le suivant ?

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Les harceleurs sexuels ne peuvent plus dormir sur leurs deux oreilles. Ici, le producteur Harvey Weinstein et l’actrice Nicole Kidman

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