Le Journal de Quebec

Des caméras pour repérer la maltraitan­ce

- JEAN-FRANÇOIS RACINE

Les familles qui soupçonnen­t un cas de maltraitan­ce envers un proche vivant dans un CHSLD pourront bientôt installer légalement une caméra de surveillan­ce afin de s’assurer de la qualité des soins offerts.

Annoncé récemment, ce projet de loi provincial a été publié hier dans la Gazette officielle. Les opposants ont 45 jours à compter de maintenant pour s’exprimer.

Le règlement encadre les modalités d’utilisatio­n des mécanismes de surveillan­ce par l’usager lui-même ou son représenta­nt.

SALLES DE BAIN EXCLUES

« On n’aura pas de permission à demander et il ne sera pas nécessaire de mettre un avertissem­ent à la porte de l’usager. Ce sera la responsabi­lité de l’établissem­ent d’indiquer à l’entrée de l’immeuble qu’il peut y avoir des caméras », explique Pierre Blain, directeur général du Regroupeme­nt provincial des comités des usagers (RPCU).

Le litige perdure depuis plusieurs années et les employés se sont souvent opposés à cette surveillan­ce.

Selon M. Blain, le règlement ne devrait pas mener à une explosion du nombre de caméras. « Il ne faut pas que les caméras remplacent les parents qui n’auraient pas le temps d’aller voir leurs proches. »

Dorénavant, l’établissem­ent sera informé de l’installati­on des caméras, qu’elles soient dissimulée­s ou non. Sauf exception, les salles de bain seront exclues et la vie privée des autres usagers de la même chambre devra être protégée.

EN ACCORD

« Je suis en faveur de ça. Parfois, les gens âgés se plaignent et l’entourage ne les croit pas toujours. Ça peut inciter les employés à être plus profession­nels ou à se retenir de bourrasser », affirme Guy Paré, l’un des fils de Geneviève Saillant, 87 ans, victime d’un traumatism­e crânien et d’une hémorragie cérébrale lors de son dernier bain en novembre 2010 à Québec.

L’octogénair­e aurait chuté d’une chaise adaptée alors qu’une préposée la sortait du bain. L’ex-employée, Houssna Mahamat, a été condamnée à purger une peine de 90 jours de prison pour négligence criminelle causant la mort.

M. Paré ignore si l’utilisatio­n d’une caméra aurait pu prévenir le drame, mais les procédures judiciaire­s auraient pu être plus courtes avec une telle preuve. « Le problème majeur reste qu’il faut mettre suffisamme­nt de personnel avec les aînés et ne pas seulement payer les médecins. Ici, on pense malheureus­ement qu’un vieux ça ne vaut pas cher », termine M. Paré.

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