Le Journal de Quebec

Des athlètes de la Côte-nord privés de sports

Des adolescent­s ne peuvent plus se rendre à leurs compétitio­ns régionales, faute d’argent

- FRÉDÉRICK JOLICOEUR TÉTREAULT

SEPT-ÎLES | De jeunes sportifs de la Côte-nord ne pourront plus aller à des compétitio­ns régionales, faute d’argent, puisqu’ils doivent prendre l’avion pour voyager.

Une grande partie de la BasseCôte-nord est isolée puisque la route 138 n’est toujours pas terminée. Chaque année, les jeunes qui font du sport étudiant dans les écoles secondaire­s d’une douzaine de municipali­tés, situées entre Blanc-sablon et Kegaska, doivent prendre l’avion pour se rendre à Sept-îles ou Baie-comeau pour participer à des compétitio­ns régionales.

Chaque année, ça coûte ainsi entre 100 000 $ et 150 000 $ pour noliser des avions.

Plusieurs ministères et organismes de la Côte-nord finançaien­t jusqu’à cette année le déplacemen­t des athlètes, mais l’entente n’a toujours pas été reconduite pour l’année 2017-2018.

À la rentrée scolaire de septembre, il ne restait que 54 000 $ à l’enveloppe budgétaire.

Des parents sont en colère et exigent un réinvestis­sement pour permettre à leurs enfants d’affronter le reste de la région.

« Il est facile pour un jeune des régions moins éloignées de se rendre aux activités sportives par route. Il en est tout autrement pour nous avec un coût de billet d’avion trop élevé », peuton lire dans la lettre cosignée par les parents Harold Dunn, Dean Buckel, Erica Joncas et Joselyne Roberts.

DÉCOURAGEM­ENT

Les entraîneur­s de la région ont donc dû se consulter afin de sélectionn­er quelles discipline­s allaient pouvoir bénéficier de l’argent disponible pour couvrir les déplacemen­ts.

« Avec le budget et les coûts, on n’a pas le choix de prioriser certaines discipline­s. Une seule sortie peut coûter de 20 000 $ à 30 000 $ », indique la directrice de la Commission scolaire du Littoral, Lucy de Mendoça.

Les parents ont qualifié la situation de « véritable injustice ». « Moi, je dois dire à mon enfant que parce que nous avons décidé de vivre en Basse-côte-Nord, elle ne peut pas aller aux régionaux », a témoigné Erica Joncas, dont la fille pratique le cross-country.

Les enfants commencent également à remettre en question le choix de leurs parents de faire leur vie en Basse-côte-nord. « Nos jeunes nous demandent pourquoi on reste ici. Forcément, la question se répète sans cesse dans notre tête et on se demande nous aussi pourquoi », a dit Mme Joncas.

BUDGET MANQUANT

Depuis 2008, l’unité régionale Loisir et Sport Côte-nord et l’ancienne conférence régionale des élus (CRE) ont réussi à faire atterrir deux ententes spécifique­s d’une valeur respective de 641 000 $ et 483 000 $. Concernant la possibilit­é d’une nouvelle entente, la DG confirme que des pourparler­s sont déjà en cours.

De son côté, la Commission scolaire du Littoral prévoit contribuer pour la première fois au fonds si une nouvelle entente venait à être conclue prochainem­ent.

« AVEC LE BUDGET ET LES COÛTS, ON N’A PAS LE CHOIX DE PRIORISER CERTAINES DISCIPLINE­S. UNE SEULE SORTIE PEUT COÛTER DE 20 000 $ À 30 000 $ » – Lucy de Mendoça

 ?? PHOTO COURTOISIE ?? Mason Buckle, 15 ans, étudie à l’école Mgr Scheffer de Blanc-sablon. Il a gagné l’or la semaine dernière à la compétitio­n locale de cross-country, mais ne pourra participer à la course régionale en raison d’un manque de fonds.
PHOTO COURTOISIE Mason Buckle, 15 ans, étudie à l’école Mgr Scheffer de Blanc-sablon. Il a gagné l’or la semaine dernière à la compétitio­n locale de cross-country, mais ne pourra participer à la course régionale en raison d’un manque de fonds.

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