L’incroyable reprise en main d’un jeune toxicomane
Il sème l’espoir après avoir vaincu l’enfer des drogues
Adepte de drogues dures à l’adolescence, itinérant à 17 ans, un jeune homme qui a touché le fond avant de retourner aux études veut maintenant aider d’autres personnes à se sortir de leurs dépendances.
Jessy Rioux, 22 ans, peine encore à réaliser tout le chemin qu’il a parcouru. Sobre depuis près de quatre ans, de retour sur les bancs d’école, il en est à sa dernière année en technique d’intervention en délinquance. Après s’être délivré du piège de la toxicomanie, il veut « aider les autres comme moi j’ai été aidé ».
Le jeune homme esquisse plusieurs sourires en parlant de ses projets. Son visage s’assombrit quand il revient sur son passé.
Sa descente aux enfers commence à l’âge de 15 ans, raconte-t-il. Alcool, marijuana, méthamphétamine, cocaïne, les substances qu’il consomme pour s’évader sont toujours plus puissantes et étonnement accessibles.
MAL DE VIVRE
« Je consommais chaque jour. En fait, j’étais gelé quasiment 24 heures sur 24. C’était le matin avant d’aller à l’école, sur l’heure du midi, le soir avant de me coucher. […] Tout ce que je pouvais avoir pour me geler, je le prenais », confie le jeune homme, que nous rencontrons à la Maison de Job, un organisme de Québec où il s’est sorti de la misère et a découvert ce qu’il voulait faire dans la vie.
À l’époque, il se souvient qu’un puissant mal de vivre l’habitait. « Plus jeune, ma famille était assez dysfonctionnelle, exprime-t-il. J’ai perdu ma mère [quand] j’avais neuf ans. Aujourd’hui, je sais que mes parents ont fait de leur mieux avec ce qu’ils avaient, mais quand j’étais jeune, je ne le comprenais pas ».
« Je ne consommais pas parce que j’aimais ça, mais parce que je n’avais plus le choix. Je ne voyais pas d’autre solution […]. J’ai fait des psychoses toxiques. Je me suis ramassé à l’hôpital et j’ai failli y laisser ma vie », laisse tomber le jeune homme.
ITINÉRANCE
Il touche le fond dans un voyage de près d’une année en Colombie-britannique, à l’âge de 17 ans, où il vit pratiquement comme un itinérant. « J’ai dormi en dessous des ponts, j’ai dormi en dessous des arbres […]. L’argent que je faisais, je consommais avec, sinon j’allais dans les soupes populaires », relate-t-il.
L’expérience est révélatrice pour lui. De retour au Québec, profondément malheureux, isolé socialement, son père l’encourage à se prendre en main. Jessy tente une première thérapie, sans succès, puis une autre, à la Maison de Job, où il entame un long et parfois douloureux processus de réhabilitation.
Après avoir affronté ses démons, il effectue avec succès un retour aux études.
« [Aujourd’hui,] ça va super bien. Ce n’est pas tout le temps facile, je n’ai jamais été quelqu’un d’ultra doué à l’école. Je sais que j’ai besoin de mettre plus d’efforts que quelqu’un d’autre […]. Il faut vraiment que je m’y donne. Je le veux ce certificat-là, je veux réussir », mentionne-t-il avec aplomb.