Le Journal de Quebec

Bienvenue dans la « cité-école »

Un établissem­ent des Cantons-de-l’est géré comme une ville par les étudiants grimpe de 151 places

- Pierre-paul Biron l Pierrepaul­biron

Démocratie et citoyennet­é ont été les clés d’un bond de géant au palmarès pour une polyvalent­e des Cantons-de-l’est qui a été transformé­e en véritable ville scolaire gérée par ses 600 citoyens-élèves. Bienvenue dans la première « cité-école » du Québec.

Les yeux d’antoine Nicol et d’émilie Trudel s’illuminent lorsqu’on leur demande de parler du projet de la CitéÉcole Louis-saint-laurent, dont ils font partie intégrante. Respective­ment premier ministre et ministre des Communicat­ions de l’endroit, ils ne s’étonnent pas de voir l’établissem­ent des Cantons-de-l’est grimper de 151 places au palmarès du Journal, tellement le projet est porteur.

« C’est une structure qui nous permet de monter des projets dans une très grande liberté. Finalement, ça nous encourage à poursuivre nos études, parce que ce n’est plus juste nos cours, c’est rendu une série d’activités », explique Émilie, qui admet sans détour que le projet fait une différence dans sa vie. « Je n’aime pas l’école tant que ça, mais maintenant, ça me donne la motivation de me lever le matin. Je crois que c’est ça, la différence entre l’ancien Louis-saint-laurent et la Cité-école. »

VRAIE SOCIÉTÉ

« Nous n’avions pas une belle image et le taux de décrochage était élevé », explique Renée-claude Leroux, organisatr­ice communauta­ire, à propos des raisons qui ont poussé l’école à lancer le projet. D’autant plus que la proximité avec Sherbrooke et d’autres écoles à vocation particuliè­re rendait l’exode des jeunes fréquent.

Depuis le virage, toutefois, les quelque 600 citoyens-élèves de Louis-saintLaure­nt ont mis sur pied un planétariu­m, un parc scolaire, une boutique, une classe-musée, un service d’interventi­on contre l’intimidati­on, des ligues sportives, une émission de télé, une radio, bref, « tout ce qu’on retrouve dans une ville normale ». Et le tout dans un fort processus démocratiq­ue. « Ça permet que tout le monde puisse se sentir chez lui et ça nous forme aussi à devenir citoyens », confie Antoine Nicol.

« C’est effectivem­ent un beau prétexte pour se questionne­r et s’ouvrir sur notre société moderne », ajoute le directeur de l’école, André Lachapelle. Dans tout le débat sur l’identité sexuelle, par exemple, la direction n’a pas hésité à consulter ses élèves sur le sujet.

En résulte une des rares salles de bain « non genrées » dans une école secondaire québécoise. « Ça a provoqué le débat, les élèves ont discuté et ils ont décidé de lancer le projet. C’est comme ça que l’on forme les citoyens de demain, aussi », estime le directeur qui se félicite de voir son milieu si « pluriel et inclusif ».

ÊTRE FIER DE SES ORIGINES

Avec sa cité-école, la polyvalent­e d’east Angus a également réussi à créer un sentiment d’appartenan­ce. Avec 600 élèves qui proviennen­t de 12 municipali­tés éparpillée­s dans les Hauts-cantons, l’école devait trouver une façon de valoriser les villages.

Aujourd’hui, les conseiller­s municipaux de chacune des municipali­tés participen­t aux activités politiques de la cité-école.

« Souvent, tu t’engages dans l’enseigneme­nt pour la pédagogie, mais tu réalises en chemin que c’est l’aspect humain qui fait la plus grande différence. On a réussi à développer la fierté, et les jeunes sont fiers d’où ils viennent. Ça fait une différence dans les résultats en classe », fait remarquer Danny Di Stefano, enseignant de mathématiq­ues.

 ?? PHOTOS DANIEL MALLARD ?? La Cité-école Louis-saint-laurent, dans les Cantons-de-l’est, est une véritable ville scolaire gérée par les élèves, ce qui contribue à créer chez eux un sentiment d’appartenan­ce et de fierté.
PHOTOS DANIEL MALLARD La Cité-école Louis-saint-laurent, dans les Cantons-de-l’est, est une véritable ville scolaire gérée par les élèves, ce qui contribue à créer chez eux un sentiment d’appartenan­ce et de fierté.
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