Vaillancourt banalisait ses crimes en prison
L’ex-maire a obtenu sa libération conditionnelle après moins d’un an derrière les barreaux
L’ex-maire de Laval Gilles Vaillancourt, qui a fraudé ses concitoyens pendant 15 ans en empochant des millions de dollars illégalement, avait tendance à banaliser ses crimes alors qu’il était derrière les barreaux.
Vaillancourt, 76 ans, est sorti de prison hier après-midi après avoir passé moins d’un an à l’ombre.
Il avait écopé, le 1er décembre 2016, d’une peine d’incarcération de cinq ans, 11 mois et quinze jours, mais était admissible à une libération conditionnelle au sixième de sa peine. Et puisqu’il s’est bien comporté pendant cette période, il a pu bénéficier de ce privilège.
INTERDIT DE POLITIQUE
Lorsqu’il était en prison, l’ex-maire aurait d’abord minimisé les crimes qu’il a commis, préférant parler de ses réalisations en tant qu’élu. Mais il aurait cheminé, pour éventuellement exprimer des regrets et même demander pardon à ses victimes, selon le rapport du personnel carcéral (voir encadré).
« Vous avez profité de votre poste de maire pour commettre des fraudes et ainsi abuser de la confiance de vos concitoyens », rappelle la Commission des libérations conditionnelles dans sa décision rendue publique hier, en insistant sur la gravité des crimes commis par l’ex-maire.
Même s’il bénéficie d’une « semi-liberté prélibératoire », selon le jargon, Gilles Vaillancourt devra se soumettre à certaines conditions strictes. Il devra faire du bénévolat pendant une certaine période de temps, dans un organisme dont l’identité est gardée secrète.
Il lui sera interdit de s’impliquer dans des activités politiques, même à titre bénévole.
Celui qui a été maire pendant près d’un quart de siècle devra également s’abstenir de gérer des investissements, que ce soit ceux d’une entreprise ou encore des placements en bourse, et même ceux d’une oeuvre de charité.
COMPTES EN SUISSE
Gilles Vaillancourt avait été arrêté suite à une enquête de l’unité permanente anticorruption (UPAC) en mai 2013. Selon la Couronne, il a profité d’un système de collusion et de corruption dans l’adjudication des contrats publics à la Ville de Laval, de 1996 à 2010.
« La preuve a démontré que l’attribution de la majorité des contrats publics de construction était décidée avant la réception et l’ouverture des soumissions », écrit la Commission des libérations conditionnelles dans sa décision. L’organisme indique également que « certaines sommes d’argent ont transité du Canada vers la Suisse dans divers comptes détenus ou contrôlés par [Vaillancourt] ».
Selon les autorités carcérales, il est « impossible de chiffrer les gains illicites » accumulés par Vaillancourt durant son passage à la mairie.
L’ex-maire a remboursé la somme de 8,6 M$ avant d’aller en prison.