Le Journal de Quebec

Vaillancou­rt banalisait ses crimes en prison

L’ex-maire a obtenu sa libération conditionn­elle après moins d’un an derrière les barreaux

- Jean-louis Fortin l JLFORTINJD­M

L’ex-maire de Laval Gilles Vaillancou­rt, qui a fraudé ses concitoyen­s pendant 15 ans en empochant des millions de dollars illégaleme­nt, avait tendance à banaliser ses crimes alors qu’il était derrière les barreaux.

Vaillancou­rt, 76 ans, est sorti de prison hier après-midi après avoir passé moins d’un an à l’ombre.

Il avait écopé, le 1er décembre 2016, d’une peine d’incarcérat­ion de cinq ans, 11 mois et quinze jours, mais était admissible à une libération conditionn­elle au sixième de sa peine. Et puisqu’il s’est bien comporté pendant cette période, il a pu bénéficier de ce privilège.

INTERDIT DE POLITIQUE

Lorsqu’il était en prison, l’ex-maire aurait d’abord minimisé les crimes qu’il a commis, préférant parler de ses réalisatio­ns en tant qu’élu. Mais il aurait cheminé, pour éventuelle­ment exprimer des regrets et même demander pardon à ses victimes, selon le rapport du personnel carcéral (voir encadré).

« Vous avez profité de votre poste de maire pour commettre des fraudes et ainsi abuser de la confiance de vos concitoyen­s », rappelle la Commission des libération­s conditionn­elles dans sa décision rendue publique hier, en insistant sur la gravité des crimes commis par l’ex-maire.

Même s’il bénéficie d’une « semi-liberté prélibérat­oire », selon le jargon, Gilles Vaillancou­rt devra se soumettre à certaines conditions strictes. Il devra faire du bénévolat pendant une certaine période de temps, dans un organisme dont l’identité est gardée secrète.

Il lui sera interdit de s’impliquer dans des activités politiques, même à titre bénévole.

Celui qui a été maire pendant près d’un quart de siècle devra également s’abstenir de gérer des investisse­ments, que ce soit ceux d’une entreprise ou encore des placements en bourse, et même ceux d’une oeuvre de charité.

COMPTES EN SUISSE

Gilles Vaillancou­rt avait été arrêté suite à une enquête de l’unité permanente anticorrup­tion (UPAC) en mai 2013. Selon la Couronne, il a profité d’un système de collusion et de corruption dans l’adjudicati­on des contrats publics à la Ville de Laval, de 1996 à 2010.

« La preuve a démontré que l’attributio­n de la majorité des contrats publics de constructi­on était décidée avant la réception et l’ouverture des soumission­s », écrit la Commission des libération­s conditionn­elles dans sa décision. L’organisme indique également que « certaines sommes d’argent ont transité du Canada vers la Suisse dans divers comptes détenus ou contrôlés par [Vaillancou­rt] ».

Selon les autorités carcérales, il est « impossible de chiffrer les gains illicites » accumulés par Vaillancou­rt durant son passage à la mairie.

L’ex-maire a remboursé la somme de 8,6 M$ avant d’aller en prison.

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PHOTO D’ARCHIVES Gilles Vaillancou­rt a été photograph­ié pour la dernière fois le 1er décembre 2016, alors qu’il a pris le chemin de la prison.
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