Le Journal de Quebec

Seuls au monde

- MARIO DUMONT e Blogueur au Journal

Bien qu’elles soient généraleme­nt prudentes et plutôt restrictiv­es, les nouvelles règles encadrant la vente de la marijuana placent le Québec dans une situation rare, voire unique sur la Terre. Ceux qui crient depuis jeudi pour un plus grand accès sont inconscien­ts de cette réalité.

Déjà, à l’échelle du monde, la légalisati­on implantée par Justin Trudeau place le Canada sur une très courte liste. Il y a l’uruguay, en Amérique du Sud, qui a légalisé le pot. Mais la mise en oeuvre aura été bien plus lente là-bas. La légalisati­on adoptée en 2013 n’est devenue réalité qu’en juillet 2017, et ce, après quelques reports afin d’être prêts.

Il y a aussi quelques États américains qui sont allés dans cette direction, mais pas les États-unis en tant que pays. Bien sûr, le gouverneme­nt Trudeau agit dans un contexte où plusieurs pays remettent en question leur approche face au cannabis.

Certains avancent vers diverses formes de décriminal­isation ou de tolérance. Mais aucun autre que le Canada et l’uruguay ont choisi de le légaliser complèteme­nt. Dans le G7 ou le G20, le Canada fait cavalier seul.

18 ANS

Quant au Québec, avec les nou- velles règles, nous serons l’un des seuls endroits au monde, avec l’alberta, où un jeune de 18 ans se présentera dans une boutique et pourra repartir avec 30 g de pot. Aux États-unis, l’âge est de 21 ans (ce que recommande­nt nos médecins). Dans les autres provinces canadienne­s, l’âge est fixé à 19 ans.

En Uruguay, l’âge est aussi de 18 ans, mais la vente est plus restrictiv­e. Il faut s’inscrire auprès du gouverneme­nt, faire prendre ses empreintes digitales à chaque achat pour se procurer des quantités moindres et limitées mensuellem­ent.

Même constat pour la décision du gouverneme­nt québécois de permettre la consommati­on partout dans les lieux publics où la cigarette est permise. Ce n’est le cas ni dans la plupart des autres provinces ni aux États-unis. Là encore, le Québec se retrouve sur une très courte liste à l’échelle de la planète.

VISIONNAIR­E OU TÉMÉRAIRE ?

Lorsqu’un pays se retrouve seul au monde quant à sa façon de gérer un problème, deux choses sont possibles. Soit il est un précurseur, un génie avant-gardiste et courageux qui trace la voie que les autres vont suivre. Soit sa population est le cobaye d’une expérience qui tourne moins bien que prévu, indiquant aux autres les erreurs à éviter.

Dans tous les scénarios, il faut reconnaîtr­e qu’il y a une prise de risque bien réelle de s’aventurer à ce rythme dans une politique hautement expériment­ale. Ce risque semble oublié, tout comme semble oublié le caractère unique sur Terre de ce que nous entrepreno­ns. Comme si le fait d’en discuter au Canada depuis trois ans a banalisé la chose et nous y a habitués.

L’empresseme­nt du fédéral choque encore davantage lorsqu’on constate à quel point il entraîne les provinces en accéléré, mais se traîne les pieds. Les questions qui dépendent d’ottawa, comme le partage des revenus et les appareils de détection du THC, piétinent.

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Presque nulle part sur la Terre un jeune de 18 ans n’aura accès au cannabis comme au Québec.

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