Le Journal de Quebec

Comment en sommes-nous arrivés là ?

- FRANCIS HALIN

Le réveil est brutal. Tous les indicateur­s étaient pourtant au rouge. Le Québec devait s’attendre à cette pénurie de travailleu­rs sans précédent.

« C’était à prévoir en raison de notre démographi­e et parce que les régions se sont vidées de leur jeunesse au fil des années », dit Martine Hébert, porte-parole nationale de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendan­te.

Le secteur manufactur­ier a eu mauvaise presse dans les années 1990-2000. De nombreux emplois ont été perdus. Résultat, les gens pensent aujourd’hui qu’ils n’existent plus. Pourtant les besoins sont criants ; 150 000 travailleu­rs manquent à l’appel, indique Véronique Proulx, PDG de Manufactur­iers et Exportateu­rs du Québec.

« La formation technique n’était pas aussi valorisée il y a 20 ans. Heureuseme­nt, depuis les années 2000, elle l’est beaucoup plus », constate pour sa part Joëlle Noreau, économiste principale au Mouvement Desjardins.

SAIGNÉE DE TALENTS

Pire encore, le vieillisse­ment de la population pose un double défi aux PME du Québec. Les employés expériment­és et les dirigeants prennent tour à tour leur retraite. Un dur choc pour certaines compagnies.

Automatisa­tion, réorganisa­tion du travail, formation en entreprise… recrutemen­t vers l’étranger, les solutions ne manquent pourtant pas, rappelle le Mouvement Desjardins.

Selon Nancy Labbé, directrice générale de la Chambre de commerce et d’industrie Nouvelle-beauce, les employeurs sont désormais forcés d’offrir beaucoup plus que de bons salaires aux candidats pour les garder chez eux.

Télétravai­l, possibilit­é d’avancement, flexibilit­é dans l’horaire, rétroactio­n constructi­ve, assurances, contributi­on REER, congés, etc. Les entreprise­s veulent à tout prix gagner ce jeu de séduction. Il en va souvent de leur survie.

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