Comment en sommes-nous arrivés là ?
Le réveil est brutal. Tous les indicateurs étaient pourtant au rouge. Le Québec devait s’attendre à cette pénurie de travailleurs sans précédent.
« C’était à prévoir en raison de notre démographie et parce que les régions se sont vidées de leur jeunesse au fil des années », dit Martine Hébert, porte-parole nationale de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante.
Le secteur manufacturier a eu mauvaise presse dans les années 1990-2000. De nombreux emplois ont été perdus. Résultat, les gens pensent aujourd’hui qu’ils n’existent plus. Pourtant les besoins sont criants ; 150 000 travailleurs manquent à l’appel, indique Véronique Proulx, PDG de Manufacturiers et Exportateurs du Québec.
« La formation technique n’était pas aussi valorisée il y a 20 ans. Heureusement, depuis les années 2000, elle l’est beaucoup plus », constate pour sa part Joëlle Noreau, économiste principale au Mouvement Desjardins.
SAIGNÉE DE TALENTS
Pire encore, le vieillissement de la population pose un double défi aux PME du Québec. Les employés expérimentés et les dirigeants prennent tour à tour leur retraite. Un dur choc pour certaines compagnies.
Automatisation, réorganisation du travail, formation en entreprise… recrutement vers l’étranger, les solutions ne manquent pourtant pas, rappelle le Mouvement Desjardins.
Selon Nancy Labbé, directrice générale de la Chambre de commerce et d’industrie Nouvelle-beauce, les employeurs sont désormais forcés d’offrir beaucoup plus que de bons salaires aux candidats pour les garder chez eux.
Télétravail, possibilité d’avancement, flexibilité dans l’horaire, rétroaction constructive, assurances, contribution REER, congés, etc. Les entreprises veulent à tout prix gagner ce jeu de séduction. Il en va souvent de leur survie.