Un manque de main-d’oeuvre inquiétant
Les entreprises cherchent désespérément des employés dans un contexte de plein emploi
Plus d’un demi-million d’emplois sont à pourvoir d’ici 2019 au Québec, un manque de main-d’oeuvre alarmant qui force plusieurs villes et entreprises à rivaliser d’imagination pour attirer chez elles du personnel d’ici et même de l’étranger, comme a pu le constater Le Journal aux quatre coins de la province.
À vrai dire, certains s’arrachent la main-d’oeuvre en quête d’un avenir. Par exemple : √ Des entreprises organisent des missions de recrutement
à l’étranger (à lire aujourd’hui). √ Des entreprises sollicitent même les nouveaux venus
issus de la récente vague des migrants (à lire demain). √ Des municipalités garantissent maintenant à leurs futurs citoyens non seulement un emploi, mais aussi un logement gratuit pour la période de formation nécessaire. On promet même de payer les frais de déménagement et, pour les nouveaux arrivants, des cours de français (à lire cette semaine). √ Des MRC se sont dotées d’un « Fonds de séduction » pour financer les initiatives de recrutement (à lire cette semaine). √ En région, des billets d’avion aller-retour sont payés pour attirer des candidats à des entrevues (à lire cette semaine). Bref, les employeurs et les villes où ils sont en exploitation joignent maintenant leurs forces pour trouver des solutions à un taux de postes vacants sans précédent depuis 13 ans.
PLUSIEURS PÉNURIES
« Il n’y a pas “une” pénurie. Il y a aujourd’hui “plusieurs” pénuries qui frappent durement plusieurs secteurs d’activité partout au Québec », s’inquiète Martine Hébert, vice-présidente principale de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante.
À Beaupré, le fabricant de portes et fenêtres Caron & Guay a dû attendre... quatre ans avant de trouver un électromécanicien. La pénurie saigne la productivité de nos PME.
D’ici 2019, le Québec devra pourvoir plus de 721 600 postes. Plus du trois quarts, soit plus de 553 300, en raison de départs à la retraite. Une situation intenable pour les entreprises de chez nous forcées de refuser des contrats… ou parfois même de fermer.
Joëlle Noreau, économiste au Mouvement Desjardins, préfère parler de rareté de main-d’oeuvre plutôt que de pénurie.
« L’économie n’est pas compromise dans tous les secteurs au Québec pour autant », tient-elle à rappeler.
Reste que près de 70 % des employeurs éprouvent des difficultés à trouver de la main-d’oeuvre d’après un sondage du Conseil du patronat du Québec dévoilé au mois de février 2017.
NERF DE LA GUERRE
Pire encore. Selon Jobillico, près de 60 % des postes vacants à l’heure actuelle se trouvent à l’extérieur de Montréal et de Québec alors que 85 % des immigrants sont à Montréal, note Stéphane Forget, PDG de la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ).
Pour aider ses membres, M. Forget a offert 2700 postes en région à des immigrants montréalais lors d’un salon très couru au début du mois.