Une levée de boucliers américaine pourrait profiter au Canada
OTTAWA | Alors que la grogne augmente aux États-unis par rapport aux positions intransigeantes de Donald Trump sur l’accord de libre-échange nord-américain (ALENA), plusieurs observateurs jugent que le Canada gagnerait à faire traîner le processus en ce début de cinquième ronde de négociations.
« Le gouvernement a tout intérêt à faire stagner les discussions. Le président Trump pourrait faire face à une levée de boucliers à l’interne », analyse la professeure de droit international à l’université de Sherbrooke, Geneviève Dufour.
CONTESTATIONS JUDICIAIRES
La nouvelle ronde de pourparlers sur L’ALENA a débuté officiellement hier, au Mexique, alors que de plus en plus de voix se font entendre aux États-unis pour sauver l’entente. Dans les dernières semaines, plusieurs intervenants, de la Chambre de commerce américaine aux états agricoles du Midwest, ont mis en garde l’adminis- tration Trump contre les dangers d’un torpillage de L’ALENA.
Même si les États-unis en venaient à se retirer de l’accord, comme ils ont plusieurs fois menacé de le faire, des contestations judiciaires pourraient leur mettre des bâtons dans les roues durant plusieurs années, juge Mme Dufour.
« Ça n’avance pas et il n’y a pas beaucoup d’espoir du côté canadien que les Américains mettent de l’eau dans leur vin. Une stratégie heureuse pour le Canada pourrait être de tout simplement laisser les choses dépérir sans engager les hostilités », estime le spécialiste du Centre d’études et de recherches internationales de l’université de Montréal (CÉRIUM), Philippe Fournier. Le fait que les ministres des différents pays ne participent pas aux négociations cette fois-ci montre selon lui une forme de désintérêt et de fatigue. En effet, à l’issue de la quatrième ronde de négociations en octobre, l’animosité entre les représentants des trois pays avait éclaté au grand jour.